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Les indices et l’immobilier semblent avoir suivi le patron de Virgin Galatic dans la stratosphère. Philippe Béchade analyse les conditions de marché.

 

Les flux de liquidités ont très vite immunisé Wall Street contre la peur d’une quatrième vague du Covid-19 causée par le variant delta et même contre la peur que la reprise déraille.

Il est vrai que si le nouveau variant s’impose par son taux de contagiosité [NDLR : ce qui est la caractéristique évolutive de n’importe quel virus depuis des millions d’années], le nombre d’hospitalisations causées par le delta semble inversement proportionnel au nombre de personnes contaminées, vaccinées ou non… pour l’instant.

Et les investisseurs ont envie de croire que l’efficacité des injections et la moindre virulence du Covid-19 – à ce stade – éviteront le genre de restrictions sanitaires qui ont plombé l’automne 2020 en Californie, New York ou Chicago, ou même en France d’octobre 2020 à mai 2021.

La jauge de la peur – le « VIX » – est retombé de 10% vendredi, de 20 vers 17,80 tandis que l’appétit pour le risque a propulsé les indices US vers de nouveaux sommets.

Mais après avoir effectué un bref inventaire des records battus à Wall Street vendredi, nous verrons que les actions ne sont pas les seules à s’offrir une balade dans la stratosphère, façon Virgin Galactic.

Les indices flambent…

La première semaine de juillet s’est donc achevée par un carton plein de records de clôture pour les trois principaux indices US, dans le sillage des valeurs financières, requinquées par la remontée de 6Pts du rendement des T-Bonds 2031, vers 1,35% (contre 1,29% jeudi soir).

Le S&P500 bat un nouveau record au-delà des 4 362 points touchés la veille : l’indice engrange 1,13% à 4 370 points (pour un joli doublé intraday/clôture).

L’indice Dow Jones bondit de 1,3% vers 34 870 points. Reste à franchir les 35 000 : avec de bons trimestriels pour JP-Morgan, c’est jouable dès ce lundi. Quant au Nasdaq, il prend 1%.

Encore deux séances comme celle de vendredi et les 15 000 points seront atteints avant que la première GAFAM ait publié ses résultats.

Le Nasdaq affiche pratiquement 5 000 points de plus que le 20 février 2020 et 10 000 de plus que le 7 juillet 2016. Autrement dit, il n’aura mis que 17 mois pour gagner autant de points qu’au cours des 43 mois précédents.

Mais combien de centaines de records avons-nous pu commenter à Wall Street depuis mi-juin 2020 ? Cela en faisait 3 de plus vendredi… c’est presque banal, idem pour le ratio « acheteurs/vendeurs » sur le S&P500 avec un record absolu de 0,025% (c’est simple… depuis Tesla, GameStop et AMC, il n’y a plus de vendeurs à découvert).

Et l’immobilier devient inabordable

En revanche, il en est un qui constitue une grande première et qui mérite de s’y attarder : le rendement des émissions obligataires de catégorie « Junk » vient de basculer pour la première fois de l’histoire du capitalisme sous le niveau de l’inflation observée à l’instant T.

Autrement dit : même en prenant le risque maximum sur les obligations de la pire qualité, il est désormais impossible de préserver son pouvoir d’achat, ce qui ne laisse d’autre alternative que de prendre encore plus de risque, et en l’occurrence plus de « levier » sur tout ce qui procure un semblant de rendement.

En ce qui concerne le commun des mortels qui n’a même pas accès au gisement des « Junk Bonds », il doit se contenter d’outils de boursicoteurs comme les ETF, les options, les CFD (de quoi perdre sa mise en quelques heures) tandis que le prix des loyers flambe déjà de 7,5% sur les six premiers mois de l’année 2021 (et pas « d’effet de base » comme sur les matières premières à cause de la crise du Covid-19).

Et les locataires s’en tirent mieux que les acheteurs de neuf ou d’ancien qui doivent débourser 18% sur 12 mois, pour se payer une maison à 374 400 $ (prix moyen), sachant qu’en Californie, il faut compter plutôt 1 M$ à San Francisco et autour de San Jose.

Cela signifie qu’il n’y a plus que 1% d’américains capables d’aller s’installer à proximité de l’épicentre de la technologie américaine.

L’épargne sans risque n’offre plus aucun rendement, l’inflation réelle accélère, se loger devient inabordable… mais tant que les 0,1% font fortune à Wall Street, la FED martèle qu’il n’est pas question de retirer son soutien monétaire à l’économie. C’est-à-dire en pratique son soutien à une microminorité d’oligarques qui partent rejoindre leur portefeuille boursier dans la stratosphère, par navette spatiale interposée.

Les dirigeants de l’URSS ne prétendaient rien d’autre en 1989 et se lançant dans une « guerre des étoiles » avec les Etats-Unis.

Cette guerre était surtout un coup de bluff, les 99,9% de la population de l’empire soviétique n’avait pas les moyens de suivre financièrement… si jamais les 0,1% en avaient eu les capacités technologiques.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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