Les records absolus s’enchaînent, la trajectoire des indices devient breathtaking, les gains du Bitcoin et de Tesla atteignent la stratosphère… Et la FED soutient des entreprises zombies.
La trajectoire des indices donne le vertige, mais jetez un œil au graphique figurant au milieu de cet article, il est à couper le souffle : il est « breathtaking » comme j’ai pu le lire dans de nombreux commentaires sur des forums de traders – du plus novice au plus chevronné – hébergés par des courtiers en ligne.
L’un d’entre eux, ayant pour symbole une paire de cornes de taureau, a ouvert pas moins de 400 000 comptes depuis le 1er janvier (ce qui porte le total à plus de 17 millions, une hausse de 2,5% en 15 jours, aussi rapide qu’en avril) et il semblerait que la majorité des nouveaux venus se jette à corps perdu dans la spéculation sur les crypto-actifs, et le Bitcoin domine largement le secteur.
L’activité sur le Bitcoin selon le Broker « cornu » serait multiplié par 25 par rapport à la première quinzaine de l’année 2020.
L‘une des observations les plus ébouriffantes est qu’à mesure que les confinements et couvre-feux se durcissent, les volumes sur le Bitcoin explosent, parallèlement aux achats à crédit (achats « sur marge »)… le week-end !
Crypto : nouvelle activité branchée
Le crypto-trading est en train de remplacer les paris sportifs, les balades dominicales et tout ce qui ressemble à une vie sociale pour une partie de la population confinée, majoritairement jeune et urbaine.
Elle se laisse séduire par des publicités en ligne pour des « formations » incluant une initiation basique à l’analyse technique (privilégiant le « trend following ») et au « risk management », puis un topo sur les mécanismes de prise de position sur des instruments à effet de levier (options, CFD, turbos, ETF X.10, etc.). Le tout emballé dans une promesse de gagner gros en misant petit (1 000 $) grâce aux prises de position à crédit en intraday.
Et cela commence à inquiéter les Brokers « on line » : ils se retrouvent victimes de leur succès et de l’argent facile qu’ils procurent à leurs clients, leur permettant de réaliser des gains paraboliques en quelques heures sur Tesla (en semaine) et sur le Bitcoin (le week-end)… Et presque sans courir le moindre risque, « trendfollowing » oblige.
Des marchés au bord de l’explosion
Sauf que tout repose sur une bulle de crédit (« investissez avec seulement 5 000 $, mobilisez la puissance d’un compte à 6 chiffres ») et une prise de risque démesurée.
En fait, ce n’est pas tout à fait exact au sens littéral, car les chiffres communiqués par les Brokers permettent de mesurer exactement l’ampleur du phénomène. Le volume des options d’achat, tous actifs confondus, ont été multipliés par 3 par rapport à janvier 2020… qui était déjà archi-bullish.
Le volume des calls est non seulement le plus élevé de toute l’histoire des marchés dérivés, mais le volume de « puts » est également le plus faible (1 call pour 0,34 put les 12 et 13, puis 0,36 le 14 janvier). Le nombre de titres du S&P500 évoluant au-dessus de la MM200 est proche de 93%. Un record absolu.
De nombreuses « entreprises zombies » profitent également de cette tendance. Celles-ci ont par ailleurs le soutien de la FED qui leur permet d’effectuer un come-back boursier spectaculaire, sur l’hypothèse d’une possible « renaissance d’entre les morts ».
Ce n’est pas plus stupide ou improbable que de parier sur Tesla, à 1 630 fois ses bénéfices au nom de profits mirobolants dans les années 2030/2035.