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Après l’apparition des premiers ETF Bitcoin sur le marché en début d’année, les cryptoactifs pourraient bien faire leur entrée dans la loi de finances américaine : une proposition a en effet été déposée au Sénat il y a quelques semaines, afin que les bénéfices de la Réserve fédérale soient réinvestis en bitcoins. Une idée folle pour certains, un bon moyen de réduire drastiquement la dette pour d’autres. Voyons avec Chris Campbell ce que ce projet vaut réellement…

 

 

En 1803, les Etats-Unis étaient encore une jeune nation fragile d’à peine 30 ans.

L’idée de dépenser 15 M$ – une énorme somme à l’époque – pour récupérer un vaste territoire inconnu s’apparentait à de la folie. Beaucoup de gens doutaient de la valeur de ces lointains territoires de l’Ouest et, à leurs yeux, c’était une région sauvage et un coup de poker politique.

La situation diplomatique était délicate elle aussi. L’Espagne, qui contrôlait auparavant ce territoire, aurait pu objecter. Jefferson n’était pas vraiment sûr de la légalité de l’achat de ces terres. Il était tout à fait possible que tout cela lui explose à la figure : financièrement, diplomatiquement ou politiquement.

Mais la France de Napoléon avait cruellement besoin d’argent pour financer ses guerres. Et, pour les Etats-Unis, l’opportunité de doubler l’étendue de la nation du jour au lendemain ne se représenterait probablement jamais.

Et cela a fonctionné.

L’achat de la Louisiane [NDLR : la Louisiane française s’étendait alors des Grands Lacs, au nord, jusqu’au Golfe du Mexique, au sud] n’a pas seulement été rentable : il a transformé les Etats-Unis en puissance continentale, ouvrant la voie vers la conquête de l’Ouest et assurant au pays un avenir économique sur des générations.

Les Etats-Unis ont l’habitude de faire des paris audacieux et apparemment téméraires.

Et plus d’un siècle plus tard, nous sommes peut-être face à un pari aussi audacieux et apparemment impossible : celui du Bitcoin.

 

Le Bitcoin Act

Récemment, la sénatrice américaine Cynthia Lummis a proposé quelque chose qui paraît fou aux yeux de beaucoup de monde : le projet de loi « Bitcoin Act ».

En fait, cette loi permettrait aux Etats-Unis de se constituer une réserve stratégique de bitcoins : un Fort Knox des cryptomonnaies en quelque sorte.

Les Etats-Unis détiendraient 1 million de bitcoins stockés hors ligne (« Cold Storage »), ce qui représenterait 5 % de la masse totale de la cryptomonnaie.

Bien entendu, les Etats-Unis ne seraient pas les premiers à le faire.

Des pays comme le Salvador ont déjà adopté le Bitcoin, en le considérant comme un actif pouvant fonctionner indépendamment de leurs économies en proie à des difficultés.

Mais, comme d’habitude, le diable se cache dans les détails.

Comment cela fonctionnerait-il ?

De deux manières.

Premièrement, le projet prévoit de financer ce programme d’achat de bitcoins en se servant des bénéfices excédentaires de la Réserve fédérale.

6 Mds$ de bénéfices annuels nets de la Réserve fédérale (entre 2025 et 2029) seraient alloués au Bitcoin. Ces bénéfices proviendraient des actifs de la Réserve fédérale, tels que les intérêts perçus sur les Bons du Trésor américains.

Deuxièmement, il faudrait réévaluer les « US Gold Certificates ». Les Etats-Unis détiennent des certificats indiquant la quantité d’or que possède le pays. Mais ces certificats sont toujours évalués selon le cours de l’or des années 1970 – à savoir 42 $ – c’est-à-dire bien en dessous du cours actuel.

Par conséquent, Cynthia Lummis souhaiterait réévaluer ces certificats afin qu’ils reflètent les cours de l’or actuels. La nouvelle valeur ainsi créée représenterait des milliards de dollars, sans devoir vendre de l’or. Le projet est donc de réévaluer ces certificats sur l’or et d’utiliser la différence pour acheter du Bitcoin au cours des cinq prochaines années.

En résumé, le financement serait couvert par les bénéfices excédentaires de la Réserve fédérale et la réévaluation de ses certificats sur l’or, et non par de nouveaux impôts ou emprunts directs.

 

Pourquoi une telle loi ?

Selon Cynthia Lummis, cette démarche aurait pour but de protéger les Etats-Unis des crises financières, de diminuer de moitié notre dette nationale d’ici 2045, de protéger le pays de l’inflation, et…

Si tout se passe bien… de faire du Bitcoin une composante centrale du futur système financier mondial.

Et tout cela en une seule loi.

 

Les détracteurs, bien entendu, se font entendre

Ils disent que c’est dingue.

Le Bitcoin est volatil, spéculatif et n’a jamais été testé à l’échelle d’un actif de réserve nationale.

Et bien entendu, on peut argumenter que la valeur du Bitcoin fluctue énormément, et beaucoup de sceptiques pensent qu’il est trop tôt pour le considérer comme de « l’or numérique ».

L’autre objection est la suivante : détenir du Bitcoin affaiblirait le dollar américain.

Cynthia Lummis conteste : en intégrant le Bitcoin aux réserves américaines (avec des actifs tels que l’or et des terres), le gouvernement diversifierait ses actifs. Cela apporterait plus de stabilité en période d’incertitude économique.

Et voici ce qu’il faut surtout retenir :

Même si ce texte de loi ne passe pas, il montre une chose : pendant longtemps, le Bitcoin et les autres cryptomonnaies ont été considérés comme des actifs marginaux, souvent associés à la spéculation, aux transactions du Dark Web et à des passionnés de technologies.

Alors le fait qu’une personnalité politique haut placée, comme Cynthia Lummis, propose ce texte représente un tournant.

 

Oui.

 

Certes, il y a toujours une chance que cela ne fonctionne pas, mais l’Histoire nous enseigne que ce sont souvent les idées les plus folles qui rapportent le plus.

Autre chose : tout le monde sait que le Bitcoin Act est une idée folle. Et comme tout le monde le sait, cela la rend moins dangereuse.

Et parfois, des idées réellement folles, joliment présentées, ne paraissent plus si folles que ça.

 

A bientôt !

Chris Campbell

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