Deux ans après la formation d’Eutelsat Group , une nouvelle fusion se prépare dans le secteur des télécommunications par satellite : elle regroupera le Luxembourgeois SES et la société américaine Intelsat. Initiée pour concurrencer l’américain Starlink, ce rapprochement comporte d’autres enjeux tout aussi importants…
Les grandes manœuvres s’intensifient dans le spatial.
Après le rachat houleux de OneWeb par Eutelsat en 2022, sur fond de dirigisme étatique et de spoliation des investisseurs privés pour servir la politique européenne, voici que l’opérateur SES (Société Européenne des Satellites) a jeté son dévolu sur Intelsat.
L’opération, déjà validée à l’unanimité par les deux conseils d’administration, permettra au groupe luxembourgeois de doubler sa taille en absorbant son concurrent américain.
Le nerf de la guerre est, comme lors du rachat de OneWeb, l’Internet par satellite. Le succès de Starlink commercialisé par SpaceX, que ce soit pour ses usages civils ou pour sa contribution irremplaçable sur le terrain en Ukraine, a confirmé qu’apporter une connectivité indépendante des réseaux terrestres va devenir aussi vital que l’accès aux systèmes de positionnement.
L’Internet par satellite devient aussi indispensable que l’accès au GPS. Photo : SES
La concentration à marche forcée du secteur était inévitable. Au vu du montant colossal nécessaire pour créer, et surtout maintenir une infrastructure fonctionnelle, tous les experts s’accordaient sur le fait que le marché ne pourrait faire vivre plus d’une poignée d’acteurs.
En ce sens, le marché de l’Internet par satellite présente de grandes similarités avec celui du véhicule électrique : un secteur naissant que l’on sait voué à une croissance fulgurante, mais qui sera raflé par quelques gagnants et ruinera la plupart des concurrents.
Pour les actionnaires, en revanche, la situation est bien plus favorable. Alors que, sur la voiture électrique, le marché a trop longtemps pricé les néo-constructeurs comme s’ils allaient tous être le grand gagnant qui rafle la mise, les acteurs de l’Internet par satellite sont évalués comme si aucun n’allait survivre.
Pour qui mise sur le bon cheval, il est donc possible de réaliser une confortable plus-value d’ici 2030. Et pour ceux qui ne veulent pas choisir, il est possible de prendre plusieurs paris pour maximiser les chances d’avoir en portefeuille l’ultime survivant.
Un rachat à 5 milliards de dollars
Les sommes en jeu dans le rachat d’Intelsat par SES sont si importantes qu’il est permis de s’interroger sur qui rachète qui.
Le Luxembourgeois va devoir mettre sur la table 3,1 Mds$, soit 2,8 Mds€. Le montage sera financé par un mélange de trésorerie et d’endettement, y compris par le biais d’obligations hybrides. Ce besoin en capitaux ne manquera pas d’alourdir le bilan de SES qui était déjà bien encombré par une dette importante et une capitalisation boursière divisée par 7 en dix ans.
Dette incluse, le rachat valorise la cible 5,5 Mds$ (5,13 Mds€), tandis que SES valait à peine plus de 2 Mds€ la veille de l’annonce. Dans ce genre d’opérations où la proie est plus grosse que le prédateur, il est permis de s’interroger sur le nouvel équilibre qui prévaudra suite à la fusion des entités.
La prudence est d’autant plus de mise qu’une fois de plus, nous assistons au rachat au prix fort d’un opérateur satellitaire en situation délicate. Tout comme OneWeb en son temps, Intelsat sort tout juste du fameux « chapter 11 » américain (loi qui permet d’échapper à la pression des créanciers en cas de cessation de paiement). Intelsat s’était placé sous sa protection fin 2021, avant d’en sortir quelques mois plus tard. Le groupe n’avait pas chômé durant cette période, puisqu’il avait réussi à réorganiser massivement les prêts qui lui avaient été accordés. Dans l’intervalle, les créanciers avaient été contraints d’effacer pas moins de 9 Mds$ de dette.
De fait, le marché n’a pas spécialement apprécié l’annonce du rachat. Sur les deux séances qui ont suivi le communiqué de presse, le titre SES a abandonné -17 %, portant son repli à -25,7 % sur un mois glissant.
Difficile de donner totalement tort aux opérateurs tant la situation financière de l’ensemble du groupe va être délicate. Malgré la réorganisation passée d’Intelsat, les deux entités feront face à une dette représentant plus de trois fois et demie l’EBITDA une fois fusionnées. Et, avec un chiffre d’affaires annuel prévu pour s’établir sous les 4 Mds€ en année pleine pour un EBITDA de moins de 2 Mds€, il faudra que les actionnaires patientent longtemps avant d’espérer retrouver leur mise – sans même répondre à la question pressante du besoin en capitaux pour financer les futures flottes de satellites.
Internet par satellite : le pire n’est pourtant pas certain
Malgré tous ces points de vigilance, le marché fait preuve d’un pessimisme exacerbé au sujet de l’Internet satellitaire.
Certes, il est tout à fait salutaire de ne pas tomber dans l’optimisme béat en priçant toutes les valeurs du secteur comme si chacune d’entre elles allait rafler la mise. Voiture autonome, IA, semi-conducteurs : le marché valorise trop souvent l’ensemble des acteurs bien au-dessus de la taille totale du marché à conquérir.
Mais en l’occurrence, la valorisation des principaux opérateurs est devenue ridicule. SES ne pèse plus que 2 Mds€ en Bourse, tandis qu’Eutelsat végète à 1,8 Md€. Seule SpaceX peut se prévaloir d’une valorisation significative, évaluée par Forbes à 180 Mds$ lors du dernier mouvement d’actions. Mais l’activité de SpaceX va bien au-delà de la simple fourniture d’accès Internet, et l’entreprise n’étant pas cotée, elle n’est pas soumise à l’évaluation continue de sa valeur par les opérateurs.
Bien sûr, il est légitime que les activités mourantes comme la télévision par satellite soient valorisées à la casse. En décroissance depuis des années, elles ont vocation à devenir marginales. En revanche, il est anormal que le marché ignore totalement les segments en progression.
Selon les premières estimations, le nouveau groupe SES-Intelsat devrait réaliser plus de la moitié de son chiffre d’affaires (60 %) dans les segments en croissance. Et grâce à la constellation O3b de 26 satellites en orbite moyenne déjà opérée par SES, les deux marques devraient devenir l’opérateur spatial le plus important du monde.
Pour ceux qui souhaitent parier sur l’essor de l’Internet par satellite, il est donc possible d’acheter simultanément des titres Eutelsat et SES pour être exposé à une part significative du marché, pour un coût modique. Parfois, pour paraphraser Warren Buffett, il est moins cher d’acheter toute la botte de foin que de chercher l’aiguille !
La commission européenne veut porter un coup à Elon Musk dans sa croisade pour la liberté d’expression en avançant ses pions pour contrer le vent de liberté qui souffle…C’est une mesure contre la liberté d’expression!
Les positions très affirmées d ELON MUSK , voire son indépendance d’esprit vis a vis de la plupart des mondes politiques, laissent
à penser que certains milieux Européens a contrario ne nourrissent pas beaucoup de pensées affectives à son endroit.
Je partage donc aussi cette idée exprimée ci-dessus, à savoir que notre période actuelle semble s’inscrire dans un cadre des limitations
de la pensée humaine.
J S