La recherche sur les interfaces cerveau-machine suit son cours. L’exemple le plus connu est probablement Neuralink, créé par Elon Musk. Mais de multiples études, plus fascinantes les unes que les autres, sont en cours. Et, si nous sommes encore loin d’avoir créé la machine à lire dans les pensées, certaines futures applications sont d’ores et déjà prometteuses…
S’il y a bien une chose qui vous appartient vraiment – et à personne d’autre –, ce sont vos pensées. Elles sont entièrement confidentielles. Inaccessibles aux autres tant que vous ne choisissez pas de les divulguer.
Mais, aussi dystopique que cela puisse paraître, cela commence à changer…
En effet, un certain nombre d’études et d’expériences récentes dans le domaine des interfaces cerveau-machine (ICM) ont accompli des progrès considérables qui permettraient d’enregistrer les pensées de quelqu’un et de les montrer aux autres.
Cela peut sembler effrayant. Pourtant, ça ne l’est pas. Du moins pour le moment. Nous sommes encore loin d’avoir créé la machine à lire dans les pensées. Mais, la technologie dont j’aimerais vous parler aujourd’hui pourrait bien aider les gens atteints de SLA – ou même des personnes totalement paralysées – à communiquer avec le monde extérieur.
Décoder les signaux électriques du cerveau
Des chercheurs de l’Université de Californie ont en effet accompli des progrès considérables dans le domaine de l’ICM, ces dernières années. De multiples études sont en cours. L’une d’elles fait même appel à une méthode très étrange pour suivre et interpréter l’activité du cerveau.
Posons le contexte de l’expérience : nous somme à l’Université de Californie (Berkeley) et, durant qu’ils subissaient une opération chirurgicale, une chanson a été diffusée à des patients résistants aux traitements de l’épilepsie. A l’aide d’électrodes, leurs ondes cérébrales ont été enregistrées puis interprétées par un algorithme et rediffusées.
Le résultat : la chanson en question – Another Brick in the Wall, des Pink Floyds – a été facilement reconnue à partir des ondes cérébrales de 29 patients puis rediffusée, et ce après une seule écoute.
La musique a été utilisée dans cette expérience afin de se focaliser sur l’enrichissement du discours, de sorte que les interfaces ne ressemblent pas toutes à Siri.
D’autres travaux menés à l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont déjà accompli des progrès étonnants en interprétant les ondes cérébrales de patients pour former des mots complets.
Grâce à un implant cérébral, les utilisateurs sont déjà capables de « parler » à un rythme atteignant 80 mots par minute, ce qui représente environ la moitié de la vitesse normale d’élocution, et plus de trois fois le précédent record enregistré par une interface cerveau-machine.
La principale énigme entourant ce processus, jusqu’à présent, était la suivante : comment décoder des signaux électriques du cerveau pour en faire du texte.
Bien entendu, cette mission a été confiée à un algorithme d’intelligence artificielle (IA) qui a été entraîné pour ne pas rechercher forcément des mots spécifiques mais les plus petites unités [distinctives] de la langue parlée, appelées « phonèmes ».
Le co-auteur de l’étude, Alexander Silver, a expliqué ainsi cette distinction :
« Pour produire le son ‘P’ ou le son ‘B’, il faut que les lèvres se rapprochent. Et cela activerait un certain nombre des électrodes impliquées dans le contrôle des lèvres. »
Cette méthode permet actuellement aux patients de communiquer en mode « télépathique » avec un pourcentage d’erreur de 9 % si l’on utilise un vocabulaire limité à 50 mots, seulement.
Ce pourcentage d’erreur a grimpé à 24 % en utilisant un vocabulaire de 125 000 mots. Alors cette technologie a encore un long chemin à parcourir.
Une histoire de singes
L’exemple le plus connu d’ICM est probablement Neuralink, créé par Elon Musk.
Neuralink est une entreprise particulièrement connue pour ses expérience parfois malheureuses faisant intervenir des singes.
En 2021, Neuralink a diffusé la vidéo d’un macaque qui jouait « par la pensée » à Pong, l’un des premiers jeux vidéo. Il paraît que la puce munie de la technologie bluetooth implantée dans la tête du singe transférait les informations neuronales dans un décodeur capable de prédire les mouvements souhaités de la main, et de déplacer ensuite le joystick virtuel sans que Pager – le singe de l’expérience – ne fasse le moindre mouvement physique.
Plus récemment, la société a montré un singe en train de faire ce que Musk a décrit comme de la « dactylographie télépathique ».
Le singe naviguait vite et de façon précise sur un clavier virtuel pour taper, uniquement par la pensée, les lettres surlignées.
Comme la puce implantée ne garantit pas à son utilisateur une super intelligence, le singe n’épelait pas réellement les mots tout seul. Mais cette expérience a montré qu’un humain pourrait facilement utiliser cette interface pour communiquer efficacement.
Après avoir essuyé un refus de la FDA en 2022, Neuralink a reçu en mai dernier l’autorisation de réaliser des essais sur des humains… Voilà pourquoi nous aimerions savoir ce que vous en pensez. Vous. Lecteur. Pensez-vous que le fait d’enregistrer les pensées de quelqu’un pose des problèmes éthiques ? Est-ce que cela vaut la peine, si cela permet d’aider des gens dans l’incapacité de communiquer physiquement ?