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IA : une crise en 5 actes qui pourrait tout faire basculer

By 12 mars 2025One Comment

L’IA est en crise. On la croit toute-puissante, capable de bouleverser le monde… mais en réalité, elle fait actuellement face à cinq crises majeures : énergie, calcul, stockage, compétences et sécurité. Derrière l’engouement et les milliards investis par les géants de la tech et de la finance, une réalité plus complexe se dessine. La demande explose, les infrastructures peinent à suivre… et les défis s’accumulent.

Tout le monde a peur que l’intelligence artificielle (IA) contrôle le monde, alors qu’en ce moment, elle a déjà du mal à assurer « le minimum syndical »…

L’IA ne fonce pas dans un mur, mais dans cinq :

  • une crise de l’énergie ;
  • une crise du calcul (de l’IA) ;
  • une crise du stockage (de l’IA) ;
  • une crise des compétences (en matière d’IA) ;
  • une crise de la sécurité (de l’IA).

Mais toutes ces crises offrent l’opportunité d’améliorer les choses. Et c’est précisément ce sur quoi nous nous concentrons. Et nous ne sommes pas les seuls. En ce moment, tous les génies des hedge funds se lancent à fond dans l’infrastructure de l’IA.

Steve Cohen, de Point72 Asset Management, a l’intention de lever 1 Md$ qu’il investira spécifiquement dans des entreprises d’IA.

Bridgewater Associates, Man Group Plc, Highbridge Capital Management et Simplex Asset Management développent activement des technologies d’apprentissage automatique (« machine learning »), ou investissent dans ce domaine.

Parallèlement, Meta prévoit d’investir une énorme somme en 2025, de l’ordre de 60 Mds$ à 65 Mds$, dans l’infrastructure de l’IA.

Et Amazon Web Services (AWS) investit au moins 11 Mds$ dans l’Etat de Géorgie afin d’agrandir ses infrastructures de cloud informatique et d’IA.

Pourquoi ?

Parce que la demande explose et parce que nos solutions actuelles ne peuvent pas suivre le rythme.

IA et crise de l’énergie

Les centres de données américains ont consommé à eux seuls 176 TWh, en 2023 (4,4 % de toute l’électricité américaine) et, d’après les prévisions, ce chiffre devrait flamber et atteindre entre 325 TWh et 580 TWh d’ici à 2028.

Le Texas à lui seul héberge actuellement plus de 340 centres de données consommant près de 8 GW d’électricité, ce qui représente 9 % de la demande d’électricité de cet Etat.

On estime que le Texas devra augmenter ses capacités de l’équivalent de 30 réacteurs nucléaires, d’ici à 2030, pour satisfaire l’envolée de la demande provenant des centres de données.

La consommation globale d’électricité, aux Etats-Unis, devrait atteindre des niveaux record en 2025 (4 179 milliards de kWh) et en 2026 (4 239 milliards de kWh), surpassant ainsi le record de 4 082 milliards de kWh enregistré en 2024.

IA et crise du calcul

Au-delà de l’énergie, l’approvisionnement en matériel de calcul est en train de devenir un goulot d’étranglement de plus.

Les puces d’IA les plus avancées viennent à manquer dans le monde entier.

Cela entraîne une pénurie de calcul : malgré leurs capitaux abondants, les fournisseurs de cloud ne parviennent pas à se procurer des puces haut de gamme rapidement. Les développeurs d’IA indépendants sont confrontés à de longs délais ou à des prix élevés, pour accéder à des instances GPU [N.D.L.R. : instance de calcul équipée d’un GPU et souvent hébergée sur un cloud pour accélérer les tâches gourmandes en puissance de calcul].

La demande en calcul d’IA surpasse de loin les capacités d’évolution des infrastructures centralisées traditionnelles.

IA et crise du stockage

Ces dernières décennies, les volumes de données ont flambé dans le monde, bondissant de 2 zettaoctets en 2010 à 147 zettaoctets en 2024, selon les estimations.

Cela représente 402,89 millions de téraoctets créés chaque jour.

Pour resituer le contexte, un film HD représente environ 5 GO. Ce qui veut dire que, chaque jour, nous produisons les données de 82 330 films HD. Il faudrait regarder plus de 57 films à la minute – près d’un film à la seconde – pour suivre le rythme de cette création de données journalières.

Si vous tentiez de télécharger toutes les données créées l’an dernier avec une connexion internet domestique classique, il vous faudrait des milliards d’années, voire plus que toute la durée de vie de l’univers à ce jour.

Mais voilà… Les exigences en capacités de stockage de données devraient bondir de 150 %, au cours des 2 ans à venir, et c’est en partant du principe que tout reste comme aujourd’hui (une hypothèse risquée) et qu’aucune percée intervenant dans les domaines de l’IA ou de l’informatique quantique n’exige encore plus de données…

Les systèmes de stockage traditionnels ont déjà du mal à gérer le volume, la vitesse et la diversité des données générées par les applications d’IA.

IA et crise des compétences

Le rapport annuel 2025 d’IBM révèle que 38 % des projets d’IA programmés par l’entreprise ont été retardés en raison d’une pénurie de spécialistes en IA qualifiés, malgré des propositions de salaires supérieures de 30 % à la moyenne du secteur.

IBM n’est pas la seule entreprise dans ce cas.

Les offres d’emploi ont bondi de 2 000 % en 2024.

Et, selon une étude réalisée par Pluralsight, seuls 23 % des dirigeants déclarent disposer des compétences en IA dont ils ont besoin pour conserver de l’avance.

D’ici à la fin de l’année 2026, presque toutes les entreprises (plus de 90 %) devraient être confrontées à de sérieuses difficultés en raison d’une pénurie de compétences en IA au sein de leur main-d’œuvre.

Cette carence de compétences n’est pas un léger inconvénient : elle devrait avoir un impact économique massif, selon les prévisions, et coûter 5 500 Mds$ à l’économie mondiale, potentiellement.

Et enfin, le gros morceau…

IA et crise de sécurité

Aux Etats-Unis, un grand nombre de centres de données sont concentrés dans quelques lieux géographiques névralgiques, comme le « Data Center Alley », en Virginie du Nord.

Cela crée des « cibles alléchantes », comme les qualifient les experts en sécurité, et c’est ce que j’appelle « placer tous ces œufs numériques dans des paniers très coûteux et très piratables ».

En 2023, le FBI a signalé que des pirates chinois se « pré-positionnent » déjà au sein des infrastructures américaines, en plaçant des bombes à retardement numériques, surtout.

Une cyberattaque réussie contre l’une des principales régions du cloud (par exemple, un cluster de centre de données AWS dans l’Est des Etats-Unis) pourrait paralyser les services d’IA dans tout le pays.

Des incidents matériels – qu’il s’agisse de sabotages, de catastrophes naturelles ou d’accidents – dans une poignée de centre de données essentiels pourraient également avoir d’énormes impacts.

Et pourtant…

Il est extrêmement coûteux et long de « renforcer » ou moderniser ces sites. (Les réglementations actuelles ne gèrent que partiellement ces risques.)

La solution

En résumé, l’infrastructure d’IA actuelle a un problème de type « too big to fail » [N.D.L.R. : dans ce contexte, « trop importante pour être défaillante »].

Et, historiquement, quand on est confronté à des architectures « too big to fail », les solutions astucieuses apparaissent souvent, non pas en procédant à des ajustements progressifs, mais en repensant fondamentalement l’architecture elle-même…

Je vous en dirai plus bientôt. Alors, restez bien à l’écoute !

Chris Campbell

1 commentaire

  • Avatar Thierry AMAGAT dit :

    Excellente analyse qui clarifie le problème de l’IA.Monsieur Chris Campbell,comme Monsieur James Altucher et les membres de son équipe sont des analystes de confiance,et leur clairvoyance est une grande aide dans nos investissements;de plus leur excellent suivi nos rassure ou nous alerte.
    Je suis membre à vie de l’Alliance Altucher et je m’en félicite,c’est le meilleur service des Publications Agora.

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