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Historique : le CAC40 surperforme le Nasdaq

By 31 janvier 2022No Comments

L’écart entre le CAC40 et le Nasdaq s’est encore approfondi. Et cette situation est historique. Philippe Béchade revient sur l’événement et ce qu’il implique.

 

Le mois de janvier, s’il fait office de précurseur des onze mois qui vont suivre, a de quoi inquiéter les investisseurs américains… En revanche, les français peuvent se vanter d’un « moins pire » d’ampleur historique du CAC40 par rapport au Nasdaq.

Même si certains indices US – et 80% des composantes du Nasdaq – ont fait une incursion en territoire de correction, les « forces de rappel » à la hausse sont toujours bien présentes. Cela s’est confirmé vendredi puisque le CAC40 a divisé sa perte par plus de 3 (de -2,6% en matinée à -0,82% à la clôture), avant d’en effacer la totalité dans les échanges hors séance.

Une hausse du « PX1 » dans le sillage de Wall Street, avec un Nasdaq reprenant +3,15%, au prix d’un grand écart entre 13 240 points (support moyen terme des 13 350 menacé) et 13 770 points, le S&P500 remontant d’un peu moins de 4 300 points vers 4 430 points (+3,5% en moins de 6 heures de cotations), pour finir in extremis la semaine dans le vert, contre -3% après 15 minutes de cotations.

C’était la deuxième fois en 5 séances que Wall Street s’offrait une « remontada » de plus de 3,5% : les investisseurs peuvent se réjouir de voir les indices afficher de telles capacités de rebond. Mais ils pourraient également s’inquiéter d’une part de ce que cela ne permette pas de refranchir les moyennes mobiles à 200 jours. D’autre part, ces basculements à répétition de « panic selling » vers des rachats « FOMO » ne s’observent que dans des marchés baissiers… et qui n’ont généralement pas fini de baisser (dernier exemple en date, le rebond de chat mort de début mars 2020).

Mais la situation est clairement différente de part et d’autre de l’Atlantique : avec le refranchissement des 7 020 points, le CAC40 pourrait limiter son repli mensuel à -2%, à comparer avec les -7% du S&P500 et les -12% du Nasdaq. Les « technos » affichaient quelques heures auparavant pas loin de -16% depuis le 1er janvier (et -19% depuis leur zénith des 16 200 points du 22 novembre 2021).

Le CAC40 ne perd que 5% depuis ses sommets, contre le double pour le S&P500 et le triple pour le Nasdaq. Le creusement d’un tel écart en un mois est un événement rarissime.

La stagflation reprend du terrain

Il ne s’explique guère par le différentiel de croissance entre les Etats-Unis et la France. En effet, nous sommes très proches d’un « match nul » entre les deux pays : respectivement 6,9% et 7%. Toutefois, il faut retrancher +0,5 point du PIB calculé par l’INSEE qui découle de « l’investissement » de 13,5 Mds€ dans les tests et les vaccins.

Autrement dit, la France avec 6,5% de croissance réelle en 2021 – mais financée 100% à crédit – est loin d’effacer les -8% (ou -7,9% selon des calculs plus hédonistes) subis en 2020.

Il faut donc rechercher la cause d’un tel différentiel de performance des actions dans deux facteurs qui marquent une forte décorrélation de part et d’autre de l’Atlantique. La FED va probablement rehausser ses taux par quatre fois, et il vaut mieux se préparer à cinq tours de vis en 2022, tandis que la BCE ne va pas bouger avant la fin de l’année, même si elle infléchit son discours en milieu d’année.

L’autre facteur, c’est l’accumulation de signes précurseurs d’un net ralentissement économique imminent aux Etats-Unis, avec le recul de -0,6% des dépenses des ménages, la chute de l’indice de confiance des consommateurs du Michigan (de 70,6 à 67,2 en janvier) avec une composante « anticipations » qui chute de 68,3 vers 64,1 contre 68,3 le mois dernier, un repli que l’UMich explique par la remontée de l’inflation et la contraction des salaires réels.

Et pour couronner le tout, la riposte de la FED contre l’inflation apparaît inévitable vu la hausse de l’indice des prix PCE à 5,8% annualisée et de 0,2 point à 4,9% en données « core » hors énergie et alimentation.

Le prochain pays à basculer dans un scénario de stagflation – car c’est bien de cela qu’il s’agit déjà aux Etats-Unis – pourrait bien être l’Allemagne, avec un indice DAX40 en repli de 8% sur ses sommets et de 4% depuis fin 2021.

L’institut Destatis a divulgué un recul de 0,7% du PIB allemand au quatrième trimestre 2021 (qui suit une hausse de 1,7% au troisième trimestre) soit une division par 2 du rythme annuel de 2,9% à 1,4% (un repli de seulement -1%, vers 1,9% était anticipé).

La croissance du PIB français au quatrième trimestre s’avère parfaitement symétrique : +0,7%, soit +7% en rythme annuel, soit 3,5 fois plus rapide que les +2% observés en Espagne… qui a pourtant moins testé et provoqué peu de mises en quarantaine de salariés fin 2021 qu’en France.

Les chiffres français sont apparemment trop beaux pour être vrais (sauf si beaucoup d’argent magique s’est en est mêlé), et s’ils sont statistiquement « vérifiables », ils ne sont probablement pas « duplicables » en 2022.

Mais le CAC40 se comporte comme si cette magie allait perdurer : la cassure des 6 800 points pourrait signifier que ce ne sera pas le cas. Mais il va être possible d’y croire encore quelques jours : de quoi attaquer février du bon pied.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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