Le prix de l’action a été divisé par deux suite à l’annonce d’une perte opérationnelle conséquente. Ne serait-ce pas un phénomène (hélas) répandu parmi les petites entreprises qui entrent en Bourse ?
Décidément, il est compliqué de réussir pleinement son introduction en Bourse. Je ne parle pas de la levée de fonds propre à l’IPO, mais des premiers mois de cotation.
Prenons par exemple Forsee Power (FR0014005SB3 – FORSE), le spécialiste de la conception et de la fabrication de systèmes de batteries intelligentes, destinées au marché de l’électromobilité.
Début novembre, l’action s’introduit en Bourse à 7,25 euros, en bas de fourchette, via une levée de fonds de 100 millions d’euros, par augmentation classique de capital – ce que l’on nomme dans le jargon du métier le fameux cash in.
Une lune de miel qui n’aura pas duré très longtemps
Les premières semaines se passent bien : la société annonce un dépassement de son objectif de chiffre d’affaires sur 2021, soit 72,4 millions d’euros (+17%), alors que les analystes s’attendaient plutôt à 71 millions d’euros.
Mais patatras le 6 avril dernier, avec l’annonce d’une perte opérationnelle de 26,8 millions d’euros au titre de 2021, mais également un profit warning sur 2023. Le seuil de rentabilité n’est plus prévu pour 2023… et aucune autre date n’a été donnée.
Une sévère déconvenue pour la communauté financière : le titre ne vaut actuellement plus que 3,60 euros, soit une division par deux de son cours d’introduction.
Lors de l’IPO, il avait été annoncé que le chiffre d’affaires triplerait entre 2020 et 2023, pour atteindre les 180 millions d’euros et que l’équilibre serait atteint au niveau de l’Ebitda en 2023.
Une fâcheuse manie parmi les sociétés nouvellement cotées
Bien sûr, l’évolution de la société n’est pas menacée, avec la présence au capital de noms prestigieux comme par exemple Eurazeo, Bpifrance ou encore le Groupe Dassault… Mais je ne comprends pas cette manie qu’ont les sociétés, surtout de petite taille, à lancer des prévisions, surtout que dans la majorité des cas, cela se solde par des déceptions.
Je conçois qu’il faut enjoliver la mariée quand on entre en Bourse, mais il me semble que dans 80% des cas, c’est plutôt contre-productif ; les déceptions se succèdent, au point que de nombreux groupes préfèrent rester dans le monde du private equity. Mais c’est un autre débat, sur lequel nous nous pencherons un autre jour.