La panique bancaire serait-elle de retour ? Alors que la faillite de First Republic vient tout juste de se produire, voilà que les banques régionales PacWest et Western Alliance plongent en Bourse. La Fed peut-elle encore réussir à limiter les dégâts ?
Ce mercredi 3 mai, le président de la Fed Jerome Powell a annoncé une hausse de taux de 25 points de base portant les taux fédéraux à 5,25 % (un record encore inégalé depuis 2008).
A la clôture de la séance américaine, stupéfaction : la banque californienne PacWest abandonnait -60 % et Western Alliance Bancorporation (dont le siège social est en Arizona), -30 %.
Nous allons revenir sur ce qui explique ces chutes et sur la décision de la Fed relative aux taux d’intérêt.
Les banques régionales toujours aussi chahutées
Pour l’heure, les grandes banques américaines semblent « épargnées » par la panique bancaire.
L’indice des bancaires régionales affiche une sous-performance de -28 % par rapport aux valeurs bancaires plus traditionnelles.
Performance du secteur financier américain en 2023 I Source : Koyfin
Posons les bases : il est important de bien faire la distinction entre entreprise bancaire nationale et entreprise bancaire régionale.
Les grandes banques américaines (JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup et Goldman Sachs), sont des institutions financières opérant dans plusieurs Etats aux Etats-Unis et dans le monde entier.
Ces banques sont souvent considérées comme les plus importantes et les plus influentes du pays en termes d’actifs et de capitalisation boursière. Elles sont généralement d’importance systémique.
Leurs établissements proposent une gamme de produits et de services plus large que les bancaires régionales, et possèdent des ressources financières plus importantes.
De l’autre côté, les entreprises bancaires régionales telles que SVB, First Republic ou PacWest, opèrent généralement dans une région spécifique ou un nombre d’Etats limité.
Elles ont des actifs et un champ d’action beaucoup plus modeste que les grandes banques nationales.
Toutefois il convient de savoir que les entreprises bancaires régionales jouent un rôle clé dans le financement de l’économie réelle américaine.
En me plongeant dans les bilans de PacWest et de Western Alliance, j’ai pu voir que ces deux banques étaient spécialisées dans l’immobilier commercial.
Rappelons-le, l’immobilier commercial est un secteur relativement fragile : en avril dernier, Morgan Stanley a augmenté ses provisions de crédit en citant l’immobilier commercial comme un secteur à risque.
Hier soir, PacWest et Western Alliance se sont enfoncées respectivement de -60 % et de -30 % après la clôture, alors que les marchés étaient déjà particulièrement tourmentés.
PACWEST / WESTERN ALLIANCE après-Bourse I Source : Bloomberg
La raison de cette chute ? Un rapport de Bloomberg concernant PacWest selon lequel la banque examinerait actuellement plusieurs options stratégiques. Une vente, une dissolution ou encore une augmentation de capital seraient envisagées à la suite de retraits massifs consécutifs à l’effondrement de la SVB FINANCIAL.
La deuxième raison… c’est la confiance.
La confiance met souvent des années à s’acquérir et peut se briser en quelques jours.
C’est le cas en ce qui concerne le secteur bancaire.
Nous assistons à un scénario dramatique : les banques régionales américaines font faillite les unes après les autres, et pendant ce temps-là, les grandes banques nationales récupèrent leurs clients et leurs dépôts avec une certaine complicité de la Fed et du gouvernement américain.
Powell, trop tard pour faire machine arrière
Mercredi 3 mai, Jerome Powell a indiqué que la Fed ne pourrait pas protéger l’économie américaine en cas de défaut de paiement des Etats-Unis.
Une chose est sûre : le défaut de paiement des Etats-Unis est un évènement à prendre au sérieux puisqu’il serait synonyme d’une entrée en territoire inconnu. Les conséquences sur l’économie pourraient bien s’avérer dramatiques…
A l’heure où les CDS (protections contre le défaut de paiement d’une entité) sont à leur plus-haut depuis 2008, il est important de prendre ce facteur de risque en considération.
Jerome Powell a par ailleurs ajouté que les données sur les conditions de crédit seraient prises en compte dans la future politique monétaire de la Fed.
J’ai bien peur qu’il soit trop tard sur bien des sujets : les investisseurs continuent de se prémunir des divers risques en achetant de l’or et en s’exposant également sur le Bitcoin.
L’or est à deux doigts de franchir un plus-haut historique et cela n’est pas anodin.
Prix de l’once d’or en dollar I Source : Bloomberg
Les investisseurs cherchent à protéger leur épargne et la prime de risque sur les actions est à son plus-bas depuis la fin de la crise financière de 2008.
Reste à savoir comment les marchés vont intégrer ces nouveaux remous sur le secteur bancaire…
