Une seule semaine a suffi pour que le VIX bascule. Pourtant, Philippe Béchade note un paradoxe : Apple.
Rassurez-vous ! La vague d’anxiété consécutive à l’irruption de la thématique variant Omicron vient de retomber aussi vite (ou presque) qu’elle ne s’était dressée à l’horizon.
La possible répétition d’un scénario de rupture indicielle en mode « cygne noir » comparable à celui du 22 février 2020 a tourné court. Les acheteurs ont repris la main avant même que Wall Street ne réussisse à reperdre ne serait-ce que 5% sur ses récents sommets historiques du 18 novembre dernier. Et nous allons voir ô combien c’est instructif.
Au moment où vous lirez cette analyse, le S&P500 (étudié la semaine dernière) est revenu à 3 points de son record absolu de clôture du 18 novembre (soit 4 704 points) et à 0,9% de son zénith des 4 744 points. Il a repris la totalité du terrain perdu depuis le 23 novembre, soit 200 points ou 4,3% sur 5,3% depuis le zénith du 22 novembre.
Et c’est là que quelque chose doit nous sauter aux yeux : -5,3%, c’est très exactement l’amplitude de la consolidation du 1er septembre au 3 octobre (4 536/4 300 points), au centième de pourcentage près.
Mais c’est là, le seul point commun. Ce n’est pas non plus un simple copier/coller puisque là où il avait fallu un mois, il n’a fallu qu’une semaine, et surtout, du côté du VIX, c’est presque le jour et la nuit.
Une flambée du VIX, mais des GAFAM en forme !
En effet, le VIX est passé de 16,4 points le 2 septembre à 25,7 points le 19 septembre (il a même atteint 28 points en pleine séance). Toutefois, il n’a pas été au-delà de 25 points le 3 octobre. Grosso modo, en 22 séances, il a bondi de 57%.
Le même « indice de la peur » est passé de 18,5 points le 24 novembre à 35,3 points le 3 décembre. On parle d’une augmentation de 91% en seulement 7 séances !
Il faut bien comprendre que le récent scénario est bien celui d’un « panic selling » suivi d’un FOMO (ou « fear of missing out ») et que ce genre de mouvement « portes de saloon » n’assainit pas le surachat du marché. Marché qui venait d’aligner sept semaines et demie de hausse ininterrompue… contrairement au classique « V » assez tranquille des mois de septembre/octobre.
Non seulement les valorisations retrouvent des niveaux stratosphériques, mais il n’aura fallu que 3 séances et demie pour que le VIX retombe de 35 points à moins de 20 points (on tombe même à 19,9 ce 8 décembre). C’est extraordinairement rapide !
Ce qui tout aussi remarquable, c’est avec quelle célérité les programmes d’achats initiaux (octobre/novembre) ont été réactivés : « full risk on » sur les valeurs de croissance (Nvidia est repassé de 280 $ à 324 $ en 48 heures) et surpondération massive sur les GAFAM, notamment les deux plus grosses : Amazon et Apple.
C’est cette dernière qui nous intéresse : elle engrange +8% en 3 séances, soit plus de 200 Mds$ de capitalisation, avec un nouveau record absolu à la clé à 175,5 $ et une capitalisation de 2 752 Mds$, loin devant Microsoft avec ses « modestes » 2 515 Mds$.
Ces deux valeurs « pèsent » désormais 27% du Nasdaq-100. Et le poids des six valeurs appartenant au « club très fermé des plus de 1 000 Mds$ » (GAFAM + Tesla) dépasse 11 200 Mds$ (soit 55% du Nasdaq). Et si on y ajoute Nvidia, la barre des 12 000 Mds$ est franchie, soit 60% de l’indice tech.
Non seulement, la flambée du VIX n’a rien modifié dans les stratégies de gestion quantitative, mais cela a encore plus exacerbé les excès qui préexistaient avant le « trou d’air » du 26 novembre.
Et qui se souvient aujourd’hui que quatre séances auparavant, Apple venait d’annoncer une des plus sévères révisions de ses objectifs de vente de son histoire avec -10% sur ses iPhones 13.
Pour résumer : 10 Mds$ de chiffre d’affaires en moins, 200 Mds$ de capitalisation en plus…
Vivement qu’Apple abaisse de 20% ses objectifs en janvier prochain !