Chargeurs, Aures Technologies, Visiativ, SII… On ne compte plus les OPA annoncées ces six derniers mois à la Bourse de Paris dans le compartiment des small caps. Et selon Eric Lewin, nous n’avons pas fini d’en entendre parler…
Le marché des offres publiques d’achat sur les petites sociétés reste dynamique cette année. Il faut dire que les valorisations ont de quoi laisser pantois de nombreux patrons d’entreprises qui n’en peuvent plus, non seulement de voir leurs titres délaissés, mais en plus de payer des coûts élevés pour le maintien de la cotation.
Le patron d’une société présente dans l’édition de logiciels me disait dépenser en moyenne 250 000 € par an entre la communication financière, la réglementation, les contrats de liquidité et les analyses financières. Un montant énorme, à l’heure où les petites entreprises veulent rogner leurs coûts.
Mais les OPA se multiplient également parce que de nombreuses sociétés sont sous-évaluées et valent en moyenne moins cher que leurs homologues du private equity.
Difficile de donner des pourcentages, mais il est avéré qu’il existe une décote de l’ordre de 30 % à 35 % entre le coté et le non coté, ce qui incite de nombreux fonds spécialisés dans le non coté à faire leurs emplettes sur la cote parisienne : « c’est pas cher et on peut réaliser de superbes opérations », me précisait jeudi dernier un banquier parisien qui travaille pour l’un des plus grands fonds de la place.
Ce phénomène est amené à perdurer au cours des prochains mois, car la liquidité est toujours absente dans notre compartiment.
Les gérants sont bel et bien là, mais ont souvent peu de cash pour investir. Certains doivent même désinvestir pour rendre du cash à leurs souscripteurs.
J’ai récemment bu un verre avec le patron de Winfarm, le spécialiste de la vente à distance de produits destinés aux éleveurs et au monde rural. Il m’expliquait que la baisse de son titre de plus de 70 % en un an ne venait pas uniquement de résultats décevants. Pour lui, elle s’explique aussi par les ventes massives de certains fonds, qui ont soldé leurs positions à n’importe quel prix, en effectuant ce qu’on appelle des ventes ATP.
Mais pour les actionnaires, cette situation n’est pas si catastrophique…
OPA : quelques sociétés à surveiller
Prenons par exemple le titre Micropole. Le spécialiste de la business intelligence végétait sur des niveaux de 1,10 € jusqu’à ce que Sebastian Lombardo, un investisseur bien connu dans la tech, lance une OPA à 1,50 €. Depuis, le titre a bondi jusqu’à 1,80 €, tout simplement parce que des sociétés de gestion, Moneta et Amiral pour ne pas les nommer, ou le groupe informatique Aubay, avaient décidé de monter au capital. Une bataille boursière est donc en train de voir le jour avec des primes significatives.
Car dans notre sphère, les opérations financières ont souvent lieu avec des primes supérieures à 50 %, comme si les investisseurs savaient que, quel que soit le prix, la cible était tellement décotée que le fait de la payer plus cher n’aurait aucune incidence.
Il est plus que probable que 2024 sera une année d’opérations financières en tous genres, avec, sans doute, d’ici quelques mois, un rattrapage de l’indice CAC Small.
Ce serait logique dans la mesure où sur cinq ans, le CAC 40 a pris 45 %, contre seulement 3 % pour l’indice Cac Small.
A priori, toutes les sociétés sont opéables, mais les noms les plus souvent cités sont Esker (logiciel), NRJ Group (musique et télévision), Gaumont (cinéma), It Link (informatique), Infotel (informatique), Sidetrade (logiciels), Valbiotis (compléments alimentaires), Arcure (logiciels), Wallix (cybersécurité) ou encore Aubay (informatique).
Faites vos jeux…