La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis ne fait peut-être plus les gros titres mais les tensions subsistent. Sur le terrain des semi-conducteurs par exemple, l’avancée rapide de la Chine préoccupe le gouvernement Biden. Il y a un mois, Alibaba dévoilait un nouveau système de cloud computing… Une semaine plus tard, les Etats-Unis durcissaient les restrictions sur l’export de puces électroniques. Ambiance…
Il y a environ un mois, le géant de l’e-commerce chinois Alibaba a dévoilé un nouveau système, très avancé, de cloud computing.
Son objectif ? Accompagner comme il se doit, le développement de ses projets en matière d’intelligence artificielle (IA). (Et ils sont très nombreux !)
Mais un tel service de cloud ne pourrait pas fonctionner sans la technologie de pointe la plus avancée en matière de semi-conducteurs…
Le cloud chinois menacé par les Etats-Unis
Alibaba a pu mettre au point un tel dispositif grâce à des centaines, voire des milliers de puces provenant de sociétés américaines comme Intel Corp. (NASDAQ : INTC) et Nvidia Corp. (NASDAQ : NVDA).
L’avancée rapide de la Chine sur ce terrain préoccupe le gouvernement américain, qui a décidé d’agir.
Il y a trois semaines, les Etats-Unis ont annoncé un nouveau plan de sanctions pour tenter d’empêcher la Chine d’accéder aux dernières avancées technologiques sur les puces.
Ces nouvelles restrictions obligeront les fabricants à obtenir des licences spéciales s’ils veulent exporter vers la Chine certaines puces d’IA et de superordinateurs, ainsi que les équipements utilisés pour les créer.
Ces restrictions entraveront sérieusement la poursuite par la Chine de projets tels que le nouveau système de cloud computing d’Alibaba.
Les responsables et les P-DG américains considèrent qu’il s’agit d’une étape nécessaire pour relocaliser les chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs aux Etats-Unis.
Objectif : ralentir la concurrence chinoise
Lors d’une récente conférence, le P-DG d’Intel, Pat Gelsinger, a déclaré que des sanctions de ce type étaient inévitables dans la mesure où les Etats-Unis tentent de retrouver leur leadership dans la fabrication de produits high-tech.
L’optimisation des chaînes d’approvisionnement high-tech est un objectif crucial en matière de protectionnisme, à l’heure où les tensions géopolitiques s’exacerbent un peu partout dans le monde.
Le pire pour un pays est de se voir limiter l’accès à des produits de pointe nécessaires dans bien des domaines, des biens de consommation aux soins de santé et à la technologie militaire.
Tout comme l’accès aux réserves de pétrole a défini les relations géopolitiques au cours des dernières décennies, la dépendance en matière de fabrication de semi-conducteurs conditionnera ces mêmes relations pour les décennies à venir.
De ce fait, des entreprises comme Intel sont en train d’élaborer rapidement des stratégies pour installer davantage d’usines de semi-conducteurs sur le sol américain et européen.
L’entreprise a déjà prévu d’implanter de nouvelles usines dans l’Ohio, en Allemagne et ailleurs, ce qui n’est pas bon marché non plus : le coût combiné des établissements susmentionnés dépassera potentiellement les 100 Mds$.
En ce qui concerne les puces, les avancées technologiques se mesurent en nanomètres. En général, plus la puce est petite, meilleures sont les performances.
La compétitivité de toute entreprise chinoise dans la fabrication de semi-conducteurs est limitée par son accès restreint aux machines extrêmement avancées nécessaires à la mise au point des puces les plus petites.
Pour créer des puces plus petites que la génération des 7 nanomètres, il faut avoir accès à un appareil de lithographie à ultraviolets, et ces machines ont un coût… A 150 M$ l’unité, elles ne sont accessibles que pour une poignée d’entreprises.
Handicap supplémentaire pour les entreprises chinoises : le seul fabricant de ces machines, ASML Holding N.V. (NASDAQ : ASML), basé aux Pays-Bas, a complètement bloqué les exportations vers la Chine.
Une restriction voulue par le gouvernement américain qui entrave encore davantage la capacité de la Chine à fabriquer les puces les plus avancées.
A l’heure actuelle, environ 80 % de la capacité mondiale de fabrication de puces se trouve en Chine. Si les choses se déroulent comme le souhaitent les Etats-Unis et l’Europe, ce chiffre sera réduit à 50 % d’ici la fin de la décennie.
Avec la redistribution de la capacité de fabrication, les Etats-Unis aspirent à capter 30 % des parts de marché, les 20 % restants allant aux alliés européens, ce qui devrait permettre aux puissances occidentales de réduire drastiquement leur dépendance vis-à-vis des puces chinoises.
Bien que l’industrie des semi-conducteurs ait connu un fort ralentissement et des pénuries conséquentes durant à la pandémie de COVID-19, les perspectives à long terme semblent très saines. Reste à savoir laquelle des grandes puissances économiques et industrielles réussira à remporter la bataille de l’indépendance en matière de fabrication.