Envie de redonner le sourire à votre portefeuille ? L’action Citigroup est l’opportunité du moment ! Fortement décotée depuis la vague des faillites bancaires américaines, elle pourrait vous rapporter un gain de 100 %. Sceptique ? Lisez plutôt cette analyse détaillée d’Etienne Henri !
Dire que le secteur bancaire américain est un champ de mines est un euphémisme.
Chacun se souvient de la vague de faillites des banques régionales qui a fait les gros titres de la presse en début d’année. La chute de la Silicon Valley Bank, en mars, a fait prendre conscience au grand public de la fragilité de ces établissements face à la remontée des taux, et à l’agilité des déposants qui peuvent désormais vider leurs comptes en quelques clics de souris.
La panique fut telle que les déboires bancaires contaminèrent les grands indices. Par crainte d’un « moment Lehman », qui verrait les faillites d’établissements financiers se transmettre à l’économie réelle, les investisseurs firent plonger les Bourses en retirant -6,7 % en ligne droite au CAC40, -5,8 % au DAX, et même -9,5 % au Russell 2000.
Depuis, la santé des banques ne fait plus l’actualité. La First Republic Bank, et ses 230 Mds$ d’actifs, a à peine fait parler d’elle au mois de mai, lorsque JPMorgan Chase est venue à son secours. Et bien peu de journaux ont relayé la disparition de la Heartland Tri-State Bank au cœur de l’été.
Entre la fin mars et la fin juillet, les actions des principaux groupes bancaires américains ont connu un rebond impressionnant durant ce qui reste une période de crise des fondamentaux. Goldman Sachs (NYSE :GS) s’est octroyée +11 %, JPMorgan Chase (NYSE :JPM) +22 %, et Wells Fargo (NYSE :WFC) +23 %. Et si leurs cours ont depuis reflué, elles restent sur des multiples de valorisation généreux au vu du contexte monétaire.
Pour qui veut investir dans le secteur bancaire américain pour se diversifier et se protéger des vicissitudes de la zone euro, la chasse aux bonnes affaires n’est pas aisée. Les banques régionales restent fragiles (certains analystes n’hésitant pas à les qualifier de zombies qui ignorent leur faillite inéluctable), tandis que le retour à la normale est déjà intégré dans le cours des grands groupes…
Un dossier s’illustre toutefois : Citigroup (NYSE : C). Troisième banque américaine avec près de 2 500 Mds$ d’actifs sous gestion, elle est restée décotée durant toute l’année. Ses ratios de valorisation ne sont plus qu’une fraction de ceux de ses pairs, et un retour à la normale signerait au bas mot un doublement du cours de l’action Citigroup.
Action Citigroup : pricée pour la catastrophe, elle pourrait rebondir pour retrouver les 80 $. Infographie : Investing.com
Il ne manque plus qu’un catalyseur pour que l’ancien n°1 du secteur bancaire aux Etats-Unis ne retrouve les faveurs des marchés. Celui-ci pourrait être le plan de restructuration annoncé par sa nouvelle patronne, Jane Fraser.
Des fondamentaux solides
Cette année, la principale préoccupation des investisseurs était, fort naturellement, la solidité des établissements bancaires. Avant de regarder les produits nets bancaires, les dividendes, et le nombre de clients, les actionnaires se préoccupaient de la survie des entreprises.
Les derniers mois ont prouvé que le marché américain est entré dans un mode « winner takes all » (le gagnant emporte la mise). A mesure que les déposants fuyaient les banques régionales, les grandes enseignes faisaient le plein de clients et de dépôts.
Contrairement aux faillites de plateformes de gestion de crypto-actifs, qui ont vu les épargnants sortir du marché et la taille globale des encours se contracter, les faillites de banques commerciales ont été un jeu à somme nulle qui a renforcé les groupes déjà « too big to fail ». La tendance est si forte que le gouvernement américain réfléchit à renforcer l’arsenal législatif anti-concentration – qu’il a pourtant superbement ignoré au cœur de la crise, en permettant les rachats d’actifs à bon compte lors des dépôts de bilan.
Que l’on juge cette tendance souhaitable ou néfaste, elle n’en reste pas moins rassurante pour les actionnaires : les grands groupes bancaires américains ne sont pas affaiblis par la crise, ils en sortent renforcés.
Au niveau sectoriel, les grands établissements bancaires sont donc plus solides maintenant qu’ils ne l’étaient il y a un an de cela.
Au niveau micro-économique, le dossier Citi dispose de solides atouts.
Le ratio CET1, qui mesure la taille du matelas de sécurité dont disposent les banques pour passer les trous d’air économiques est tout à fait satisfaisant, puisqu’il atteint les 11,5. A titre de comparaison, le CET1 de Bank of America n’est que de 10,4, celui de Wells Fargo à peine supérieur à 9, et il faut aller chercher du côté de Goldman Sachs et Morgan Stanley pour trouver des CET1 sensiblement supérieurs à 13.
Malgré un risque de défaut faible, le marché continue de pricer la banque avec un risque de faillite important. Sa capitalisation boursière est à peine à 0,4 fois ses fonds propres, alors que celle de ses pairs atteint au moins le double : 0,81 pour Bank of America, 0,84 pour Wells Fargo, et 0,93 pour Goldman Sachs.
La simple disparition de la prime de risque justifierait que l’action Citigroup retrouve les 80 $, soit une plus-value potentielle de 100 %. Et ce sans même compter sur l’augmentation à venir de la rentabilité.
Le plan de choc de Jane Fraser
Selon le Financial Times, la P-DG de Citigroup Jane Fraser prépare une restructuration d’ampleur historique pour augmenter la rentabilité du réseau. Après une première vague de suppressions de postes qui ont concerné 5 000 collaborateurs, l’ancienne diplômée de la Harvard Business School veut maintenant secouer la hiérarchie pour offrir au groupe une agilité qui lui fait défaut.
Cela devrait lui permettre de voir son résultat net, qui atteignait déjà les 7 $ par action l’an passé, augmenter significativement… d’autant que, la phase de hausse brutale des taux d’intérêt passée, Citigroup va pouvoir utiliser les taux hauts pour dégager de fortes marges sur son activité de crédit.
Selon les derniers chiffres, le coût moyen de l’argent prêté par les banques pour les emprunts immobiliers atteint désormais les 7 % aux Etats-Unis. Dans le même temps, les dépôts des épargnants ne sont toujours rémunérés qu’à hauteur de 0,45 %. Avec cet écart qui n’avait pas été vu depuis une décennie, Citigroup a de quoi faire bondir sa rentabilité cette année, sachant que ses revenus devraient déjà être en hausse structurelle de 5 % selon les estimations de la direction.
L’action Citigroup est donc un véhicule intéressant pour jouer la concentration de l’activité bancaire aux Etats-Unis, tout en plaçant quelques actifs en dehors de la zone euro.