A l’instar du cacao, le prix du café connaît une hausse significative. Les conditions météorologiques défavorables dans les pays producteurs ont conduit à une baisse des récoltes, entraînant une augmentation du prix de la matière première (jusqu’à 70 % pour le robusta cette année). La facture risque d’être salée pour les consommateurs, puisque des géants comme Nestlé et Starbucks ont déjà commencé à augmenter les prix de leurs produits phares…
C’est un record dont les amateurs de café se passeraient volontiers : malgré le reflux de l’inflation occidentale, le cours de l’arabica a atteint début décembre des niveaux qui n’avaient été constatés que deux fois depuis les années 1970.
Retrouvant une trajectoire de hausse parabolique, les futures sur l’arabica brésilien pour livraison en mars 2025 se sont envolés à leur plus haut niveau depuis 1997, dépassant allègrement les pics de 2011 et 2022. Les négociants envisagent même des tensions encore plus vives sur les prix l’an prochain, et les futures pour livraison en décembre 2025 ont atteint leur pic de 1977, avant de refluer légèrement.
Le cours de l’arabica pour livraison dans 12 mois n’a jamais été aussi cher depuis un demi-siècle. Infographie : Barchart.com
Même le repli du réal brésilien face au dollar n’a rien pu faire. La baisse de 20 % de la paire USDBRL sur 12 mois, qui encourage les exportations du pays et devrait donc avoir un effet favorable sur les volumes de production, ne calme pas les négociants. Ils prévoient que la pénurie actuelle, loin de se résorber, devrait s’aggraver l’an prochain.
A l’instar du cacao l’an passé, le café risque de voir son prix s’envoler pour les consommateurs. Déjà, les mastodontes Nestlé et Starbucks ont annoncé des hausses de prix de leurs produits phares. Le tabou de la protection du pouvoir d’achat des consommateurs étant brisé, le secteur va pouvoir s’offrir une séquence inflationniste qui va faire le bonheur des vendeurs.
Pas question bien sûr de vous conseiller de spéculer sur le prix des grains de café qui restent une matière première agricole : ce jeu est non seulement financièrement dangereux, mais en plus moralement délicat. En revanche, la remise à plat de la chaîne de valeur qui s’annonce permet d’envisager d’entrer en position sur les entreprises dont la commercialisation de café ou de boissons dérivées est le cœur de métier.
Des tensions qui devraient se maintenir
Les cours du grain de café sont des habitués des montagnes russes. Les hausses sont souvent aussi brutales que les baisses, et la capacité d’autorégulation du secteur fait que les prix restent rarement sur des niveaux record – ce qui est bienvenu pour les amateurs d’espresso.
Contrairement aux matières premières minières comme l’or, le cuivre, ou le lithium, les matières premières agricoles ont l’avantage d’être produites et non extraites d’un stock fini : les cultivateurs utilisent le signal-prix pour augmenter leur production lorsque les cours sont élevés, augmentant les volumes à venir et poussant les prix futurs à la baisse.
Aussi, voir les contrats à terme se maintenir sur un niveau haut sur 12 mois est un signal qui ne doit pas être pris à la légère.
Dans un contexte de demande soutenue, les acheteurs craignent que la pénurie qui a débuté cet été ne se maintienne jusqu’en 2026. Tout a commencé au Vietnam, où le temps inhabituellement chaud et sec a causé une baisse de la production de robusta de -20 %. Cette variété, moins noble mais plus rustique que l’arabica, a déjà vu son cours flamber de 70 % cette année, entraînant les premières tensions pour les torréfacteurs, qui ont vu les graines les moins nobles se faire rares.
Le Brésil a à son tour été touché par une météorologie défavorable, avec une sécheresse inédite sur la fin de l’été, suivie de pluies hors norme en octobre. Les dégâts causés sur les caféiers sont tels que le doute plane désormais sur les volumes à attendre lors de la prochaine récolte. L’arabica devrait donc manquer, sans que les industriels ne puissent se reporter sur le robusta.
Le risque de pénurie est si grand que l’Union européenne envisage même de reporter l’interdiction d’importation de café ayant poussé sur des zones déboisées depuis 2020, qui devait entrer en vigueur à la fin de l’année.
Avec un prix de la matière première qui devrait se maintenir à des niveaux élevés, les grands torréfacteurs et producteurs de boissons ont cessé de rogner sur leurs marges et imposent désormais des hausses de prix à leurs clients. Tel un ressort qui se détend, les marges qui étaient comprimées depuis l’an passé devraient retrouver le chemin de la hausse, permettant aux industriels de dégager d’importants bénéfices dans les prochains mois.
Les torréfacteurs passent l’addition à leurs clients
La hausse des prix du café pour les consommateurs finaux a déjà commencé à se matérialiser. En Italie, le règne de l’espresso à 1 € touche à sa fin, avec un prix moyen constaté par une association de consommateurs à 1,2 € en cette fin d’année.
Nestlé, qui commercialise les marques Nescafé et Nespresso, a annoncé augmenter prochainement ses tarifs et diminuer les quantités par paquet.
Même stratégie chez Starbucks, qui s’attachait jusqu’ici à maintenir relativement stable le tarif de ses boissons au café. Alors que le prix moyen du sandwich au cheddar avait pris +44 % entre 2014 et 2024, que le wrap épinards fêta avait vu son prix gonfler de +37 %, et que le coût du bagel s’était envolé de +80 % sur la même période, l’inflation était restée modérée côté café, avec +19 % sur le Grand Mocha et +22 % sur le Grand Latte (contre +24 % pour le SMIC).
Les produits moulus et en grains destinés à la préparation à domicile vont également voir leur prix augmenter. Les tarifs pratiqués par les marques du groupe JDE (Douwe Egberts, L’OR, Jacques Vabre, Café Grand’Mère, Senseo ou encore Tassimo) devraient être revus à la hausse.
Préparations gourmandes, espresso au comptoir, café préparé à la maison : sous toutes ses formes, le prix du café va augmenter pour les consommateurs. Photo : JDE Peet’s
La direction du groupe JDE a d’ailleurs indiqué, lors des dernières annonces de résultat, anticiper une extrême volatilité des cours du robusta et de l’arabica et considérer les hausses de prix des produits finis comme « inévitables ». Loin d’être un aveu d’échec, ce bilan a été l’occasion pour le P-DG du groupe de revoir les prévisions de bénéfices à la hausse pour cette année malgré des coûts d’approvisionnement record.
Les amateurs de café, qui vont voir les prix s’envoler d’ici la fin d’année, pourront se consoler en envisageant un investissement dans les torréfacteurs ou les distributeurs. Rien de tel que toucher de généreux dividendes pour faire passer l’amertume d’une hausse des prix un peu corsée sur un produit du quotidien.
Dans quelle Cryptos monnaies faudrait-il investir actuellement ?
Bien cet article de Mr Étienne Henri ,sauf que j’aurais aimé avoir une liste des torréfacteurs et distributeurs de café à la fin de l’article…Ce serait nettement plus intéressant. Dommage !
C’est écrit : Nestlé, starbucks et JDE Peets NV