Dans le marché chahuté des véhicules électriques, Tesla est sous pression. En plus de la controverse grandissante qui entoure le comportement de son patron Elon Musk, la firme américaine pâtit des progrès rapides de ses concurrents sur le terrain de l’innovation. Ainsi, mi-février, le Chinois BYD a annoncé de grandes nouveautés pour ses véhicules neufs en termes de conduite autonome…
La réélection de Donald Trump aurait pu laisser espérer aux actionnaires de Tesla que la proximité d’Elon Musk avec le nouveau Président garantirait à la firme des avantages concurrentiels importants.
La progression de l’action Tesla, qui a gagné 92 % entre début novembre et la mi-décembre 2024, a été la parfaite illustration de cet optimisme au demeurant fort compréhensible.
Mais, quelques semaines seulement après l’intronisation du 47e président des Etats-Unis, les supporters du constructeur californien ont de quoi déchanter. Outre le militantisme affiché du milliardaire fantasque, qui ne craint pas de s’aliéner ceux qui représentaient pourtant le cœur de la clientèle de Tesla, voilà que la concurrence chinoise fourbit ses armes.
On la savait imbattable sur le plan tarifaire, au point de justifier l’arrivée de nouveaux droits de douane pour équilibrer les prix proposés aux clients particuliers : la voilà qui se déplace sur le terrain de l’innovation.
BYD, le plus grand constructeur chinois de véhicules propres, a frappé fort en annonçant équiper la quasi-totalité de sa gamme en fonctions de conduite autonome. Tesla perd ainsi l’un des derniers différenciants technologiques qui le distinguait du tout-venant des modèles chinois. En Occident comme ailleurs, il deviendra de plus en plus difficile de justifier le prix catalogue des Tesla, qui a encore grimpé de 10 000 € (Model S) à 17 000 € (Model X) en février.
L’action Tesla, qui était la coqueluche des investisseurs depuis l’automne, se voit désormais éclipsée par l’action BYD – et ce pour des raisons tout à fait valables.
Evolution du titre BYD sur un an : un quasi-doublement justifié par les fondamentaux. Infographie : Investing.com
Des résultats époustouflants
L’an dernier, le constructeur chinois a écoulé quelque 4,27 millions de voitures vertes dans le monde, dont 3,8 millions sur son marché intérieur. Il s’agit d’une progression de +41 % en un an, le plaçant – et de très loin – parmi les marques les plus dynamiques de la planète.
Dans le détail, BYD a vendu 1,76 million de véhicules électriques (BEVs) en 2024, en augmentation de 12 % par rapport à 2023. Ils représentent désormais 41 % de ses ventes, tandis que les hybrides rechargeables se sont écoulés à 2,5 millions d’exemplaires, soit un bond de +71 % sur un an.
En 2025, BYD compte atteindre la barre des 6 millions de véhicules propres, notamment grâce à ses efforts en Europe et en Amérique du Sud.
Cette hausse exponentielle des ventes a lieu alors que Tesla a vu, pour la première fois en dix ans, sa production se contracter l’an passé. Les courbes de livraisons de véhicules 100 % électriques devraient même se croiser dans les prochaines semaines, Tesla n’ayant vendu en 2024 que 20 000 véhicules de plus que BYD sur le segment BEV – sans compter les ventes trois fois supérieures d’hybrides rechargeables du constructeur chinois.
Alors que les chiffres mensuels au titre de janvier font état d’un plongeon massif des ventes de Tesla en Europe suite aux frasques d’Elon Musk, avec une baisse estimée à -60 % en Allemagne et – 75 % en Espagne, BYD profite du passage à vide du constructeur californien pour conforter son avance, cette fois-ci sur le terrain technologique.
BYD : la conduite autonome pour tous
Après plusieurs années à avoir régné sans partage sur la voiture électrique à destination des particuliers, Tesla a balayé d’un revers de main l’arrivée de la concurrence en mettant en avant les fonctionnalités de conduite assistée disponibles sur ses véhicules.
Las, ce dernier obstacle à la concurrence est en train de sauter à son tour.
Depuis la mi-février, BYD a intégré son système de « conduite intelligente » à la quasi-totalité de ses véhicules neufs.
Sous la dénomination « d’œil de dieu » (la marque n’ayant pas peur des superlatifs), BYD proposera trois plateformes matérielles différentes. Dans sa version la plus simple, elle embarquera 12 caméras et pas moins de 5 radars. Dans sa version haut de gamme, elle embarquera en prime trois lidars (qu’Elon Musk refuse toujours d’intégrer aux Tesla), et un cerveau électronique plus rapide.
La promesse du constructeur est que ces véhicules seront capables de se garer seuls, et de freiner plus rapidement qu’un conducteur humain en cas de présence d’obstacles sur la chaussée. Il sera même possible de lâcher temporairement le volant lorsque le véhicule évoluera dans un environnement peu dangereux.
Aux dires des spécialistes, le matériel embarqué est largement surdimensionné par rapport aux besoins du logiciel actuel. Selon toute vraisemblance, BYD préfère intégrer à fonds perdus du matériel aujourd’hui superflu pour pouvoir améliorer, dans le futur, les capacités de ses véhicules par le biais de simples mises à jour logicielles. Il évite ainsi de reproduire l’erreur de Tesla, qui a vu son Autopilot impossible à déployer en totalité sur ses modèles les plus anciens du fait d’une électronique embarquée trop limitée.
Avec cette offre, BYD ne vise pas l’amélioration du haut de gamme mais une véritable démocratisation de la conduite autonome. Ce type d’assistance à la conduite était déjà présent chez XPeng, et même chez BYD, mais uniquement sur les modèles facturés plus de 220 000 yuans (29 000 €). Désormais, c’est la quasi-totalité des modèles qui sera équipée des fonctionnalités de conduite autonome, avec un ticket d’entrée réduit à 13 000 € et même 10 000 € pour la BYD Seagull.
La Seagull est le cheval de Troie de l’automobile électrique. Vendue 10 000 € seulement, elle embarque désormais les fonctions de conduite autonome. Photo : BYD
En ajoutant la conduite autonome à pas moins de 21 modèles de son catalogue, BYD banalise cette fonction pour en faire l’équivalent de la ceinture de sécurité, de l’airbag ou de l’aide au freinage en leur temps : une caractéristique initialement réservée aux produits les plus chers mais désormais considérée comme essentielle.
Outre la confirmation que les ingénieurs de BYD n’ont plus rien à envier à ceux de Tesla, cette modification de l’offre est aussi un séisme commercial. Alors que l’Autopilot de Tesla était facturé, en début d’année, 3 800 € dans sa version de base et jusqu’à 7 500 € dans sa version la plus complète (dite FSD), BYD a décidé d’ajouter cette nouvelle fonctionnalité totalement gratuitement.
La firme de Shenzhen déplace ainsi la guerre des prix sur le terrain de l’avance technologique.
Après avoir largement dominé la concurrence intérieure grâce à ses produits au rapport qualité/prix imbattable, BYD attaque frontalement Tesla sur la qualité de son offre. A Elon Musk de prouver que son entreprise sera capable de dépoussiérer à temps sa gamme. Car si les véhicules autonomes se banalisent comme l’ont fait les véhicules électriques en quelques années, il sera bien difficile de justifier une capitalisation boursière de plus de 1 140 Mds$.
pour qui l’industrie automobile chinoise n’est pas un danger?
Curieux, car je ne crois pas à la voiture électrique mais au moteur « thermique » reconditionné à l’hydrogène. Le problème la production d’électricité et son stockage. L’Europe reste « hors course » comme pour le reste.