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Le titre BNP Paribas a été durement sanctionné en Bourse ces derniers jours. Lors de l’annonce des résultats, la direction a été contrainte de revoir à la baisse certains objectifs financiers. Mais avec l’amélioration probable du contexte monétaire, 2024 pourrait être un bel exercice. Il est peut-être temps de songer à se repositionner sur la valeur…

 

Et si 2024 était l’année des banques françaises ?

Les établissements tricolores, du fait du poids écrasant des prêts à taux fixes dans leurs comptes, n’ont pas bénéficié de l’envolée des taux d’intérêt entamée en 2022. Pire encore, la fuite des dépôts présents sur comptes à vue et la multiplication par six de la rémunération du Livret A sont venues porter un coup à leur rentabilité.

Ce n’est donc pas une surprise si, contrairement aux profits records des établissements étrangers, les banques françaises n’ont pas publié de résultats particulièrement enthousiasmants au titre de 2023.

Le groupe BNP Paribas a même été durement sanctionné lors de l’annonce de ses chiffres annuels, perdant 9 % sur une séance et continuant sa glissade jusqu’à céder 13 % depuis le 1er janvier.

Mais, un peu comme les actionnaires qui ont acheté les banques américaines au printemps 2023 – au cœur de la crise des banques régionales – et qui se frottent les mains aujourd’hui, il peut être intéressant de se positionner sur les établissements français « au son du canon ».

Dans les prochains mois, ils vont en effet profiter de la fin du cycle de la hausse des taux, qui va soulager leurs coûts de refinancement, tout en éliminant progressivement les prêts consentis à bas coût. Même au ralenti, la production de prêts immobiliers à taux élevés vient désormais gonfler leurs marges. Et toute reprise des volumes de transactions serait un véritable jackpot.

Si la Société Générale est un dossier compliqué qui reste empêtré dans sa réorganisation, BNP conserve sa place de première banque de la zone euro . Avec un PER désormais inférieur à 6 et un rendement de 7 %, elle offre un ratio rendement/risque intéressant dans une optique de placement à long terme.

Un scénario à la UniCredit pourrait même provoquer une multiplication par trois de son cours.

 

L’exemple des banques étrangères

Du fait de leur moindre exposition aux crédits à taux fixe, les banques étrangères permettent d’anticiper l’évolution de l’activité des établissements français sur les prochains exercices. Avec quelques années d’avance sur leurs homologues tricolores, elles voient l’impact des taux élevés se matérialiser dans leurs comptes depuis 2022.

Pourtant, hors Hexagone, les millésimes 2022 et 2023 ont été exceptionnels. Selon McKinsey, à l’échelle de la planète, le secteur a généré 1 300 Mds$ de bénéfices en 2022. Ce chiffre devrait dépasser les 1 400 Mds$ au titre de 2023. Pour mettre ce montant en perspective, il faut réaliser qu’il correspond à un quasi doublement depuis 2016 !

Les banques américaines en sont le parfait exemple. JPMorgan a réalisé un exercice record l’an passé, avec 50 Mds$ de bénéfices. La Bourse a salué la performance, et l’action vole depuis le début de l’année de record en record, dépassant désormais les 175 $ (elle ne cotait qu’une centaine de dollars à l’automne 2022).

De son côté, Capital One a vu son bénéfice progresser de 7 %, à 36,8 Mds$. Wells Fargo a même pu engranger un bénéfice de 19,14 Mds$ sur l’année, en progression de +39 % par rapport à 2022. Et si Goldman Sachs et Citi ont quelque peu déçu les attentes, Morgan Stanley a également signé un très bel exercice avec plus de 9 Mds$ de bénéfices malgré plus de 1,1 Md$ de provisions non-récurrentes.

 

 

Le précédent UniCredit

Naturellement, la bonne fortune des entreprises américaines ne peut pas être directement transposée sur le Vieux Continent. L’environnement financier est différent, les « taxes sur les surprofits » y fleurissent, et l’aversion au risque des investisseurs conduit à des valorisations boursières basées sur des multiples bien plus prudents.

Néanmoins, l’exemple de l’italien UniCredit illustre la manière dont les dossiers peuvent se retourner à la hausse lorsque les actionnaires sont rassurés.

En 2023, le groupe a généré environ 8,6 Mds$ de bénéfices. Ce nouveau record historique représente une progression de plus de 50 % par rapport à 2022, année durant laquelle le résultat net avait déjà bondi de +47 %. La direction a pris le parti de rémunérer grassement les actionnaires, en leur reversant 90 % de la somme. 3 Mds€ seront détachés sous forme de dividendes, et pas moins de 4,7 Mds€ seront utilisés pour des rachats d’actions. Les investisseurs récupèreront ainsi plus de 17 % de la capitalisation boursière actuelle.

Outre ce retour sur investissement exceptionnel, les actionnaires peuvent aussi se féliciter de voir le cours de Bourse de la banque européenne sortir du purgatoire dans lequel il végétait depuis lère des taux zéro. Sur trois ans, le titre s’est octroyé +250 %, prouvant que les banques du Vieux Continent peuvent aussi connaître des remontées fantastiques.

 

BNP_Paribas_cours_Unicredit_240212

Evolution du cours de l’action UniCredit depuis fin 2016.

 

Il en est de même en Espagne, avec BBVA qui a engrangé plus de 8 Mds€ de bénéfices (+22 %), et CaixaBank qui a vu son résultat net s’envoler de +54 % à 4,8 Mds€. Même la petite Sabadell a connu une année exceptionnelle avec 1,33 Md€ de bénéfices (+55 %).

 

BNP Paribas, prochain bull run bancaire?

Autre pays, autre ambiance. En France, le titre BNP Paribas a été durement sanctionné en Bourse ces derniers jours. Lors de l’annonce des résultats, la direction a été contrainte de revoir à la baisse certains objectifs financiers.

Son directeur général Jean-Laurent Bonnafé a rappelé le contexte actuellement défavorable pour les banques européennes. Outre le ralentissement des crédits à la consommation et de la production de crédit immobilier, la banque a dû faire face à un changement brutal des règles du jeu de la BCE, qui a décidé l’an passé de ne plus rémunérer les réserves obligatoires que les banques doivent laisser en dépôt auprès de la banque centrale. Ce véritable impôt déguisé prive le groupe de près d’un quart de milliard d’euros de rémunération des dépôts en année pleine. En parallèle, le groupe a dû faire face à la concurrence inattendue de l’émission de dette d’Etat en Belgique directement adressée aux particuliers, ce qui a conduit les clients à débancariser leur épargne – le chiffre de 6 Mds€ de dépôts perdus est évoqué.

Mais ces vents contraires ne dureront qu’un temps.

Si la direction vise désormais une rentabilité de ses fonds propres tangibles (ROTE)  entre 11,5 % et 12 % en 2025, au lieu des 12 % prévus, elle conserve toutefois cet objectif pour 2026.

D’ici là, la situation de BNP Paribas reste idéale. La position de n°1 de la zone euro du groupe n’est pas remise en question, et les résultats 2023 restent bons. A périmètre égal, le résultat net distribuable sur l’année est en progression de 10,2 %, à 11,23 Mds€. Du fait du programme d’achat d’actions volontariste mené l’an passé, le bénéfice net par action a même augmenté de +18 %.

La banque reste par ailleurs assise sur une grande partie du trésor de guerre constitué lors de la vente de Bank of the West. Sur les 7 Mds€ récoltés, seuls 3 Mds€ ont été déployés – de quoi offrir de nouvelles opportunités de croissance externe.

Avec l’amélioration probable du contexte monétaire cette année, la baisse des taux de refinancement et la hausse du rendement moyen du stock de crédits devraient faire de 2024 un bel exercice. Le trou d’air de ces derniers jours pourrait, rétrospectivement, avoir été un point d’entrée idéal.

Etienne Henri

Etienne Henri est titulaire d'un diplôme d'Ingénieur des Mines. Il débute sa carrière dans la recherche et développement pour l'industrie pétrolière, puis l'électronique grand public. Aujourd'hui dirigeant d'entreprise dans le secteur high-tech, il analyse de l'intérieur les opportunités d'investissement offertes par les entreprises innovantes et les grandes tendances du marché des nouvelles technologies.

1 commentaire

  • Avatar JackyPc dit :

    Bonjour,
    Merci pour cette analyse. Est-ce vraiment le bon moment pour acheter de la bancaire au vu des nuages qui pèsent actuellement sur l’interbancaire américain ?

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