Vilipendé à plus d’un titre, le gestionnaire d’actifs BlackRock effraie par sa taille, son influence et sa réussite sur les marchés financiers. Alors qu’il vient de franchir de nouveaux sommets, intéressons-nous de près à l’activité de ce mastodonte de la finance, qui présente, on le dit peu, certains avantages…
C’est un franchissement de seuil qui donne le tournis.
Grâce à la hausse des grands indices mondiaux, BlackRock a vu ses encours atteindre, au 31 mars, les 10 500 Mds$. En termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (PPA), le célèbre gestionnaire d’actifs se retrouve ainsi à gérer l’équivalent du PIB de l’Inde, plus grande démocratie du monde qui compte pas moins de 1,4 milliard d’habitants.
Exprimés en PIB nominal, les encours de BlackRock sont encore plus impressionnants. A la fin du premier trimestre, la firme de New York avait sous gestion l’équivalent du PIB de l’Allemagne, de l’Inde, du Canada, et de l’Arabie Saoudite… réunis.
Beaucoup s’inquiètent des risques apportés par cette concentration capitalistique inédite dans l’histoire de l’humanité. Le sujet est, il est vrai, complexe tant en termes de responsabilité sociale que de menaces sur l’efficience des marchés.
Reste que BlackRock n’est pas un individu, un fonds souverain, ni même un Etat aux mains d’un dictateur. Si le groupe est souvent sous le feu médiatique, il reste une société comme les autres, qui s’avère être cotée en Bourse.
Vous avez ainsi, en tant qu’investisseur particulier, la possibilité de posséder une partie du plus grand gestionnaire d’actifs privés au monde dont la croissance ne se dément pas.
Durant les phases de hausse comme durant les crises, BlackRock a clairement surperformé le S&P500 sur les 20 dernières années.
BlackRock : un modèle d’affaires incompris par les médias
Il est fréquent de lire, dans la presse généraliste, des analyses s’inquiétant des montants « possédés » par les gestionnaires d’actifs. BlackRock étant le numéro un du secteur, il fait partie des cibles les plus évidentes.
Pourtant, c’est bien mal connaître la façon dont ces entreprises travaillent.
Leur mission est de gérer les capitaux confiés par des tiers. Les véhicules peuvent prendre des formes diverses : fonds fermés ou ouverts, thématiques, indiciels, actifs ou passifs… l’industrie financière ne manque pas d’imagination lorsqu’il s’agit de créer des produits pour répondre à tous types de besoins.
Et, avec des encours se chiffrant rapidement en centaines de milliards de dollars, la plupart des véhicules atteignent rapidement des tailles significatives. Mais le point commun entre toutes ces poches d’actifs est qu’elles appartiennent in fine aux souscripteurs, pas au gestionnaire.
Dire que BlackRock possède 10 000 Mds$ est aussi faux que prétendre qu’un gardien de parking possède des centaines de voitures. Le travail de l’entreprise est de faire fructifier des capitaux qui ne lui appartiennent pas, et de se rémunérer sur le conseil en investissement via des frais de gestion.
Ce modèle d’affaires s’avère ultra-rentable. Ces deux activités représentent à elles seules plus des trois quarts des revenus du groupe, qui atteignent les 17,86 Mds$ par an.
Pour les clients de l’entreprise, cela représente une maigre ponction de 0,18 % des montants sous gestion. Pour les actionnaires, en revanche, il s’agit d’une véritable corne d’abondance qui offre un socle d’activité quelle que soit l’orientation des marchés. Un accord gagnant-gagnant comme il en existe peu dans le monde de la finance, et qui explique la croissance continue du groupe.
Des résultats robustes
Le positionnement de BlackRock est diamétralement opposé à celui pratiqué par les assureurs français et autres conseillers bancaires, qui assomment les épargnants de frais et les privent de la majeure partie des gains auxquels ils peuvent prétendre.
En ne ponctionnant que le strict minimum, BlackRock permet à ses clients de profiter à plein du potentiel des marchés. Preuve en est l’exercice 2023, durant lequel les actifs sous gestion sont passés en 12 mois de 8 594 Mds$ à 10 009 Mds$, soit une progression de 16 %. Cette fidélité à l’évolution des marchés s’explique par le fait que plus de 70 % des encours de BlackRock sont placés en gestion passive, méthode qui consiste à répliquer le plus fidèlement possible l’évolution des indices mondiaux.
Dans le même temps, le chiffre d’affaires de BlackRock est resté stable autour des 17,8 Mds$. Le résultat net a sagement augmenté de 5,18 Mds$ à 5,5 Mds$, offrant une progression du bénéfice par action de 7 % sur un an.
Une année 2024 qui devrait être exceptionnelle
Les résultats du premier trimestre, récemment publiés, laissent présager de nouveaux records de rentabilité pour 2024.
Le chiffre d’affaires trimestriel a progressé de 11 % par rapport à 2023, atteignant les 4,7 Mds$. La rentabilité de l’activité a continué à progresser plus vite que les volumes d’affaires puisque le bénéfice net s’est offert un bond de +36 % sur un an, atteignant 1,57 Md$.
BlackRock a parfaitement surfé sur la vague de hausse des marchés en engrangeant 76 Mds$ de collecte destinés aux actifs à long terme. Une enveloppe qui représente, en seulement un trimestre, 40 % de la collecte totale de l’année 2023 ! Sa récente diversification dans le Bitcoin avec le lancement d’un ETF en début d’année est déjà un succès : au 15 avril, son ETF IBIT avait déjà récolté plus de 17,1 Mds$.
Certains remarqueront qu’un tel engouement vers les actifs boursiers est un signal contrarien de fin de cycle. Les afflux massifs de capitaux sont en effet la marque d’une euphorie généralisée et d’un all-in des investisseurs, qui arrivent rapidement à court de liquidité. Les achats ralentissent alors, ce qui a un effet baissier fort sur les indices.
Mais pour les actionnaires de BlackRock, la perspective d’une contraction des marchés n’est pas plus inquiétante que cela. Certes, les frais de gestion ont tendance à baisser avec les volumes d’encours. Le groupe a toutefois réussi à prouver sa résilience par le passé, et est capable de générer des bénéfices même lors des marchés baissiers.
Pour les médias grand public, BlackRock est à mi-chemin entre l’Oncle Picsou et un dangereux gérant de fonds activiste. Pour vous qui connaissez son modèle d’affaires, vous savez qu’il s’agit plutôt d’un gigantesque entrepôt utilisé pour parquer les liquidités des investisseurs du monde entier.
Investir dans cette infrastructure de la finance mondiale peut s’avérer une stratégie prudente au vu des hésitations des indices, pour apporter une touche de contra-cyclicité à votre portefeuille d’actions.
Quelle honte, dire que Blackrock n’est pas una activiste alors qu’il prend toutes les décisions dans les CA des entreprises dans lesquelles il investi avec ses comparses, Vangard… au détriment des salariés, de la planète,…
Vous êtes vendus à la cause du profit sans foi ni loi !!! Dommage, j’aimais bien vos analyses mais là j’ai compris que vous n’êtes pas objectif.
Les gestionnaires de Blackrock ne sont pas payés comme des gardiens de parking et les gestionnaires e Blackrock sont excessivement payés. Un gardien de parking est payé le smic, alors comparez ce qui est comparable!
Bonjour à toutes et à tous, je n’y connais Rien en investissements !
Je m’y interesse afin d’essayer d’améliorer l’avenir de mes enfants.
Que croire, que faire, comment ne pas se faire avoir svp?
Merci aux éxperimentés.
Nico
Bonjour Nicolas,
pour débuter sur les marchés financiers, vous pouvez commencer par lire les analyses et recommandations d’Etienne Henri et Mathieu Lebrun proposées dans La Lettre PEA. Vous y retrouverez des analyses accessibles aux débutants sur les marchés financiers européens, ainsi qu’un baromètre des marchés qui vous résumera ce qui se passe sur les indices. N’hésitez pas à cliquer sur ce lien pour en savoir plus : https://publications-agora.fr/presentation-la-lettre-pea/ . Très bonne journée à vous !
Tant de puissance dans une seule main, même « anonyme », c’est dangereux, et un Etat aura intérêt, un jour, à se débarrasser de ce concurrent dans lequel je ne mettrai pas un sou.