Recapitalisation massive rime parfois avec ruine des actionnaires existants. C’est le cas d’Orpea, dont le titre a longuement chuté en Bourse. Alstom et Atos vont-ils suivre le même chemin ? Mathieu Lebrun vous en dit plus dans cet article.
Avant les gros rendez-vous macroéconomiques que sont les prochaines réunions de la Fed mercredi soir, puis de la BCE jeudi (sachant que vendredi sera aussi une séance d’expiration des quatre sorcières), je vous propose un focus sur les valeurs à propos desquelles je reçois beaucoup de questions lors des lives que je réalise avec les abonnés de La Bourse Au Quotidien Pro.
Pour revenir à la question posée en intitulé de cet article – et comme vous l’aurez probablement trouvé – le point commun entre ces trois sociétés est l’augmentation de capital. Soit parce que l’opération est en cours (en l’occurrence sur Orpea), soit parce que le risque d’un tel appel au marché pèse.
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, le fait est que pour toutes ces valeurs, on retrouve plus ou moins le même schéma boursier préalable. Des résultats dégradés d’où découle un risque sur le bilan, et en dernier lieu un appel au marché.
Alstom n’échappera pas à l’augmentation de capital
Prenons le cas d’Alstom. Un premier gadin a eu lieu il y a deux mois, avec des prévisions de cash-flow qui ont pris de court la communauté financière, et ont conduit à une ouverture en gap baissier record le 5 octobre.
Ensuite, à la mi-novembre l’éventualité d’un appel au marché a été clairement évoquée par le management (conduisant le titre à ouvrir un nouveau gap entretenant la dynamique baissière).
Depuis, si notre géant du ferroviaire tient son support horizontal des 11 € (cf. rectangle bleuté ci-dessus), alors qu’il n’a finalement pas été évincé du CAC 40 en fin de semaine dernière, j’ai malgré tout beaucoup de mal à envisager que ce seuil ne finisse par céder tant un appel au marché me semble ici inéluctable.
Atos en sursis
Autre contexte, même constat et même risque sur Atos. On retrouve là encore le même point de départ avec la publication de résultats dégradés (parus durant le milieu de l’été), qui avaient alors provoqué une importante chute boursière de près de 50 % (cf. rectangle bleuté sur la gauche de mon graphique ci-dessous).
Si je revenais sur la valeur début novembre sur fond d’espoirs de soutiens capitalistiques (soit via Onepoint, soit via Daniel Kretinsky), il n’empêche que si les discussions finissent par capoter, le recours à un appel au marché est clairement posé (le groupe ne s’en est d’ailleurs pas caché lors de son communiqué mi-octobre).
Les cas de la sorte sont nombreux. Je pense aussi à Xilam Animation qui répond à merveille à ce schéma, avec un warning fin octobre avant l’annonce d’un projet d’augmentation de capital en début de mois.
Et Orpea alors ? On achète ?
Mais revenons un instant sur Orpea, alors que le groupe vient de lancer sa deuxième opération de refinancement. La question que l’on m’a le plus posée est la suivante : « est-ce qu’un achat se tente ? »
Après avoir répondu par la négative pendant plusieurs semaines, je maintiens pour l’heure ma vue prudente alors qu’une troisième opération de la sorte va suivre, avec des actions nouvelles émises dont la valeur nominale sera de 0,013 €. Soit, assez logiquement, le cours vers lequel pointe le titre en cette mi-décembre (cf. pointillés noirs ci-dessous).
Quid de la suite ? Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, je vous parlerai des cas de Pierre & Vacances ou encore de NHOA.
Dans les deux cas, les comportements boursiers de ces valeurs post-AK (post augmentation de capital) me semblent être un bel exemple.
NHOA – l’ex-Engie EPS – avait annoncé à la fin de l’été dernier une levée de fonds avec une valeur nominale des actions émises de 0,80 €. Préalablement autour des 3 €, la small cap avait ensuite fondu vers ce seuil, et latéralise depuis plusieurs semaines autour de ce cap (cf. cercle jaune).
Constat identique pour Pierre & Vacances. Là encore, la société est passée par la case augmentation de capital l’an dernier via des émissions d’actions nouvelles de 0,75 € de valeur nominale.
La valeur avait logiquement tendu vers ce cap à l’automne 2022, avant de latéraliser pendant plusieurs semaines dans cette zone de prix (cf. cercle jaune là aussi ci-dessus).
Schéma très récurrent qui m’amène à revenir sur le cas d’Orpea. Avec la nouvelle levée de fonds dont le nominal des valeurs nouvellement émises va être de 0,013 €, il est assez logique que la valeur se colle dans cette zone. Et à mon sens, si les schémas de latéralisation de NHOA ou Pierre & Vacances doivent se répéter, le titre risque bien de latéraliser autour des 0,01 € ou 0,02 € pendant plusieurs semaines…
Votre opinion nous intéresse ! Que pensez-vous des différentes augmentations de capital qui menacent ces valeurs ? N’hésitez pas à donner votre avis dans les commentaires !