Vous n’êtes pas sans savoir que le secteur aérien connaît des perturbations. Mais Air France-KLM survole ses concurrents. Décryptage avec Philippe Béchade.
Le titre Air-France n’a pas trop fait parler de lui ces derniers jours. Cela nous étonne… et pas qu’un peu ! Peut-être pas assez volatile, malgré ses +13% repris en cinq séances de hausse consécutives ?
Vous ne trouverez pas une seule performance comparable depuis le 15 septembre au sein du SBF-120 : d’ailleurs aucun titre ne réalise un 5/5 à la hausse dans l’intervalle.
Les investisseurs étaient visiblement obnubilés par l’affaire Evergrande. Vous savez ce potentiel nouveau Lehman, en 4 fois plus gros, à 13 ans de distance, presque jour pour jour. Et après cette affaire, ils l’étaient par les spéculations sur l’annonce d’un « tapering » par la FED… enfin plutôt son calendrier. En effet, la question n’est plus « si » mais « quand » elle commencera à réduire son programme d’achat puis à relever ses taux.
En ce qui concerne le secteur aérien, toute l’attention a été captée dès lundi par Lufthansa qui annonçait le lancement d’une augmentation de capital de 2,1 Mds€, rendue indispensable pour renforcer son bilan et rembourser les prêts contractés auprès de l’Etat allemand durant la crise sanitaire.
Air France-KLM plus fort que la Lufthansa !
Lufthansa dévoilait un prix d’émission de 3,58 €, soit une décote de plus de 39% par rapport au prix théorique estimé après la réalisation de l’augmentation de capital auprès d’un syndicat regroupant 14 des plus grandes banques de la planète, dont les trois géants français BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale.
Le titre s’effondrait de -30% en 48 heures, mardi et mercredi (dont -25,5% ce 22/09).
Cela aurait pu plomber Air France-KLM par contagion, vu la situation financière de la compagnie franco-néerlandaise. Pourtant, le titre a progressé de 11% depuis lundi (et l’annonce de son concurrent germanique).
A croire que le malheur des uns fait le bonheur des autres !
Air France-KLM a en tout cas pu profiter de l’annonce américaine d’accepter sur son sol des voyageurs 100% vaccinés. Le groupe soumet ainsi ses voyageurs à un test PCR – obligatoirement négatif – avant d’embarquer dans un avion à destination des Etats-Unis.
La reprise du tourisme transatlantique – nul actuellement – va-t-il remplir des avions comme en janvier 2020 ?
Pas avant 2024 ou 2025 selon la direction de l’IATA qui espère que les vols USA/UE atteindront l’équivalent de 30% de celui de l’été 2019 d’ici 2022.
Les +13% d’Air France-KLM s’expliquent probablement par des raisons plus techniques que fondamentales : le titre venait de tester pour la troisième fois les 3,795 €, son plancher des 14 juillet, 19 août et 12 septembre… et une cassure semblait se produire le 14 septembre avec une incursion vers 3,71 € avant une clôture à 3,75 €.
Il s’agissait manifestement d’une fausse sortie baissière qui fut suivie par un contrepied imparable débouchant sur l’effacement de la résistance des 4,15 € et des 4 € du 23 et 24 août.
Le titre qui valide une reprise en « W » semble se diriger vers les 4,45 €, l’ex-plancher du 5 au 25 mai dernier, puis peut-être les 4,95 € du 2 juin. Seulement si l’hypothèse d’une augmentation de capital ne ressurgit pas à la lecture de chiffres faisant état d’une chute du chiffre d’affaires de 66 à 92% en fonction des destinations hors Etats-Unis.