Pernod Ricard : gare à la volatilité !

Les marchés actions viennent une nouvelle fois de nous montrer à quel point ils peuvent être déconnectés des fondamentaux. Pernod Ricard, qui publiait hier ses résultats trimestriels, s’est payé une remontada impressionnante en Bourse malgré un chiffre d’affaires en baisse. Pourquoi ? Explications avec Gilles Leclerc.

 

Pernod Ricard (FR0000120693 – RI), n° 2 mondial de la production et de la commercialisation de vins et de spiritueux premium et de prestige a publié hier ses résultats pour le second trimestre.

Après un très mauvais 1^er trimestre, la société vient de publier un résultat net part du groupe en baisse de -35 %, un résultat opérationnel courant (ROC) à -7 %, un chiffre d’affaires en baisse de -4 %, tandis que la marge opérationnelle s’affiche quant à elle en retrait à -26,9 %.

Résultat ?

En matinée,  Pernod prenait pratiquement 10 %. A ce moment-là, il s’agissait de la plus forte hausse du CAC 40 (le titre ayant terminé la journée à +2 %).

Voilà, c’est la magie de la Bourse !

Vous connaissez le truc : peu importe ce que l’on pense d’une action. Tout se joue lors des publications – et c’est là que beaucoup d’investisseurs (ou de traders) se font attraper, ou plutôt rattraper par leurs « convictions ».

Exemple :

• une entreprise publie d’excellents résultats – mais moins bons qu’attendus ? Elle prend le bouillon. Exemple Nvidia hier.
• Par contre, une entreprise qui vient de toucher le fond (ou plutôt un gros support graphique comme Pernod), et qui publie de mauvais résultats – mais moins mauvais qu’attendu – provoque un rebond, voire un nouveau départ/décollage du titre.

Et en plus (toujours comme pour Pernod), si les perspectives s’améliorent pour les mois à venir, alors vous tenez peut-être un « point d’entrée » pour jouer un rebond.

 

En ce qui concerne Pernod, trois facteurs sont venus en soutien :

• cette publication est « en ligne», voire un peu meilleure que les attentes du marché ;
• Pernod a réaffirmé sa confiance pour les mois à venir ;
• et lorsque l’Union Européenne a menacé la Chine de mesures de rétorsion (de fortes taxes) sur l’importation de ses voitures électriques, la Chine avait aimablement répondu que dans ce cas, elle ferait de même en ce qui concerne les spiritueux. L’UE semble se calmer un peu. Pékin en fait autant en faisant savoir que – temporairement – elle n’imposerait pas de mesures anti-dumping sur nos exportations de Cognac et autres spiritueux. Bref, une épée de Damoclès en moins pour Pernod (et Rémy Cointreau).

 

Si le titre prenait presque 10 % en matinée, il a clôturé la journée sur un plus modeste 1,98 %.

Pourquoi ?

Probablement parce que les « shorteux » ont fait monter le titre (comme souvent).

Ayant spéculé à la baisse en prenant des positions de vente à découvert, le début de la hausse du titre a créé chez eux un mouvement de panique.

Ils ont dû déboucler rapidement leurs positions vendeuses et donc passer des ordres d’achat…

D’où la hausse de l’ordre de 10 % hier en matinée !

 

D’autant plus que dans le cas de Pernod, cette publication «moins mauvaise qu’attendu» intervient pile sur un support de (très long terme).

Le support graphique de très long terme est identifiable sur ce graphe hebdomadaire.

 

 

Il débute en 2017. Il a été touché à 4 reprises (flèches jaunes). Les prix y ont repris appui dessus pour la quatrième fois il y a quelques jours.

Maintenant – pour donner un signal d’achat de moyen terme – Pernod devra s’affranchir de la résistance du canal baissier (en bleu + flèche rouge).

A priori, le rebond d’hier devrait permettre de valider la validation d’une divergence haussière de l’indicateur de tendance MACD, ce qui est de bonne augure.

En vue journalière, (ci-dessous), la résistance oblique du canal baissier mentionnée sur le graphe précédent apparaît en rouge et on voit bien comment elle a été consciencieusement « travaillée » par les algos.

 

 

Coup de chance, une fois la première vague des vendeurs à découvert terminée, Pernod retombe vers les 130 €.

 

Pernod Ricard : un cas d’école de gestion du risque

Comme pour toutes les valeurs en retournement, la volatilité augmente souvent assez fortement dans un premier temps.

Le nerf de la guerre, c’est la gestion du risque. Donc le placement des ordres d’achat et surtout des stops.

Ici , pour un achat vers 130/ 135 € et si l’on place un stop sous les derniers plus-bas, le risque est d’environ 10 %.

Si votre aversion à un risque de 10 % est trop forte, vous pouvez très bien diviser par deux le montant acheté (une demi-position standard donc), ce qui ramène le risque à un équivalent de 5 % par rapport à une position standard.

(N.B. : dans un portefeuille il est recommandé de ne pas surpondérer une valeur par rapport aux autres, au risque de déséquilibrer l’ensemble si les choses ne se passent pas comme prévu. Calculez le nombre de lignes que vous avez ou voulez avoir (mais jamais plus de 20 sinon cela n’a pas de sens). Si par exemple vous aimez les valeurs tech, prenez alors simplement un ETF/tracker tech. Cela vous coûtera bien moins cher en frais de gestion et surtout en temps alloué à la gestion de trop nombreuses lignes. D’ailleurs, je reviendrai sur ce point (nombre de lignes et équilibrage d’un portefeuille) dans un prochain article. C’est un aspect très important qui mérite d’être développé !)

 

Bref, moralité ?

On peut tenter un achat d’une demi-position du titre Pernod Ricard vers 130/135 €, (ou en dessous), avec un équivalent risque de 5 % – pour une valeur qui vient de frapper un support de très long terme et qui donne des nouvelles positives au niveau fondamental , avec des signaux techniques encourageants.

Et si les signaux se confirment, on peut toujours compléter la position sur cassure de l’oblique du canal baissier. Le tout pour viser un premier rebond vers 160 € ( le rectangle horizontal bleu).

 

Bon week-end,

Gilles

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