L’IA va encore faire les gros titres… Alors que les résultats du 1er semestre 2024 de Nvidia sont attendus dans la soirée, beaucoup d’investisseurs redoutent une chute des cours post-publication. Mais au-delà de Nvidia, l’investissement tech reste-t-il pertinent dans une période aussi fébrile ?
Les gens adorent comparer le boom de l’intelligence artificielle (l’IA) à celui d’Internet.
C’est comme un réflexe.
Ils sortent des graphiques, brandissent des chronologies, et placardent des « on en est là », comme si c’était couru d’avance.
Quel est le problème ?
Ils se trompent. Nous ne suivons pas une route toute tracée : nous naviguons en terre inconnue, et le GPS ne cesse de recalculer l’itinéraire.
Internet est un réseau. Il offre un moyen de connecter les ordinateurs et les gens. Il ne va pas au-delà.
Et l’IA ? Elle est entièrement différente.
Les analogies avec Internet ne vont pas bien loin.
Permettez-moi de vous expliquer – et de vous révéler – en quoi c’est crucial pour les personnes qui investissent dans l’IA.
L’avènement d’empires technologiques
Au tout début d’Internet, il régnait une énorme confusion autour de ce dont il s’agissait.
Internet n’était pas qu’un nouveau gadget : c’était un réseau. Et avec les réseaux, il est question de connexions, de boucles de rétroaction et d’une chasse incessante à l’effet de réseau [NDLR : l’utilité réelle d’une technologie ou d’un produit dépend du nombre de ses utilisateurs, et passe par des échanges ou mouvements en réseau].
Internet a révolutionné le monde en rendant les connexions possibles.
Les ordinateurs pouvaient communiquer entre eux, et les développeurs ont fini par être extrêmement doués pour bâtir des applications sur ces réseaux.
Plus les gens y adhéraient, plus le réseau devenait précieux.
Souvenez-vous : tout nouvel utilisateur signifiait plus de contenu, plus de données, plus de gens avec qui entrer en relation. C’est ainsi que des plateformes telles que Facebook, Google et Amazon ont décollé : elles ont exploité cet effet de réseau pour bâtir des empires.
Mais qu’en est-il de l’IA ?
L’IA, une technologie unique
Si Internet tournait autour des réseaux, l’IA, quant à elle, s’apparente au cerveau qui se cache derrière le réseau : c’est un ordinateur, mais d’un tout autre genre.
Les ordinateurs traditionnels sont déterministes : ils font ce qu’on leur dit, encore et encore, sans faillir. Ce sont les braves chevaux de trait de l’univers des technologies.
Mais qu’en est-il de l’IA ?
Elle est probabiliste, ce qui veut dire qu’elle ne vous donne pas toujours deux fois la même réponse, et qu’elle peut même discuter avec vous.
En résumé, l’IA « pense ».
Elle le fait en traitant des données d’une manière qui imite certains aspects de la pensée humaine, mais d’une façon plus mécanique et mathématique.
D’une certaine façon, cela la rapproche davantage des premiers ordinateurs centraux (ces grandes bibliothèques de données) que d’Internet.
Imaginez.
L’IA et l’ordinateur central sont l’un et l’autre des technologies spécialisées.
Les grands ordinateurs centraux étaient énormes, coûteux, et seules quelques entreprises pouvaient se les offrir. A l’époque, on pensait que quelques exemplaires suffiraient.
Et nous en sommes là, en gros, avec l’IA. Les grands acteurs sont engagés dans une course en vue de détenir la plus vaste, la plus forte, la plus rapide, la meilleure.
Mais les technologies ont évolué : la taille et le coût des ordinateurs ont diminué, tandis que leur accessibilité s’est accrue. De l’ordinateur central au mini-ordinateur, du PC au smartphone et – désormais – de tout ce qui va du thermostat à la voiture, les puces sont partout.
Tout est muni d’une puce, désormais. Et c’est vers là que s’oriente l’IA.
L’IA, le cerveau de tout
Jadis, l’ordinateur central dominait par sa dimension et sa puissance.
Actuellement, l’IA suit le modèle « Big is Best » (plus c’est grand, mieux c’est).
Mais, comme avec les ordinateurs, l’avenir de l’IA va probablement basculer vers des systèmes plus réduits et plus spécialisés qui s’intègreront dans la vie de tous les jours.
Ces « cerveaux » seront enfouis partout, passant des énormes modèles d’aujourd’hui aux innombrables autres – plus petits et plus économiques – de demain.
S’il y a une analogie avec Internet, la voici : vous n’utiliserez pas seulement un seul grand modèle d’IA mais tout un réseau d’entre eux, tous adaptés à vos besoins spécifiques, et qui fonctionneront à différentes échelles et selon différentes capacités.
A mesure que les modèles d’IA seront entraînés sur davantage de données, leur précision s’améliorera, créant ainsi une boucle de rétroaction semblable à celle constatée avec Internet.
Et donc, bien que l’IA tourne davantage autour de l’intelligence que des connexions, elle bénéficie quand même de l’effet de réseau en ce qui concerne son développement et ses applications.
Voici la différence la plus importante :
L’avènement du Super Expert
Récapitulons : avec Internet, le principal bouleversement sociétal s’est produit autour de la connexion… en mettant en relation les personnes, l’information et les entreprises, de telle sorte que les barrières de la communication et de la connaissance sont tombées.
Cela a donné lieu aux réseaux sociaux mondialisés, aux géants du commerce en ligne et à l’ère de l’information.
Dans l’ensemble, Internet a été une technologie de « déspécialisation ». De nos jours, tout le monde est « expert » en tout. Par conséquent, il y a un plus grand nombre d’experts de type « influenceur » et moins de véritables experts.
L’IA est une technologie de « respécialisation ».
La véritable expertise peut prospérer via des modèles spécialisés.
Non seulement les faux experts auront plus de mal à se faire passer pour une autorité, mais leurs connaissances pourront être mises à l’épreuve.
Cela va faire naître le « super expert » : il s’agira d’experts capables d’exploiter l’IA afin d’obtenir des informations plus poussées, de prendre plus vite des décisions et d’avoir des résultats plus précis.
Et ça, c’est totalement nouveau.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs particuliers ?
Ne vous méprenez pas : des moments de doute, des phases de repli sur les marchés, il y en a eu et il y en aura.
Mais pour nous, cela veut surtout dire que nous pouvons miser sur l’IA sur le long terme en suivant quelques pistes très précises.
James Altucher en a repéré quelques-unes pour les lecteurs des Investissements d’Altucher. Pour le rejoindre, c’est par ici.
A bientôt !
Chris Campbell