Célèbre pour avoir survécu à la crise des dot com et à une chute de 90 % du cours de son action, Amazon fait partie des rares entreprises de la fin des années 1990 à avoir parfaitement réussi sa transition vers le 21e siècle. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises prometteuses de la tech s’inspirent de son histoire pour proposer elles aussi LE service qui fera la différence. Voici l’analyse de James Altucher.
Vous avez peut-être déjà vécu une histoire semblable…
Nous sommes en janvier 1998 et vous fixez le graphique des actions Amazon.com sur votre écran d’ordinateur.
Plus tôt dans la journée, vous avez reçu un colis contenant un livre rare de la part du détaillant en ligne.
Le livre était épuisé et n’était disponible ni à la bibliothèque ni dans aucune librairie dans un rayon de 160 km.
Mais d’une manière ou d’une autre, cette obscure société de Seattle a réussi à mettre la main dessus.
Et quelques jours plus tard, vous l’aviez entre les mains.
Comme par magie.
Pendant un bref instant, vous avez envisagé d’acheter des actions Amazon.com. Mais en regardant le graphique sur votre ordinateur, vous avez trouvé un million de raisons de ne pas investir.
« Internet va tuer les livres ».
« La plupart des gens détestent lire. Que vaut l’industrie du livre aujourd’hui ? »
« Barnes and Noble va les écraser ».
Et ainsi de suite.
Vous avez fermé votre navigateur web et n’êtes revenu sur les actions Amazon que des années plus tard.
Chaque investisseur a une histoire comme celle-ci : celle d’une action modeste qui s’est finalement envolée. Cet investissement qui, si vous aviez appuyé sur la gâchette au bon moment, vous aurait permis de gagner de quoi vous offrir une île privée.
Bien sûr, tout semble évident rétrospectivement.
Au plus fort de la bulle Internet, il était pratiquement impossible de faire le tri parmi toutes les sociétés en dot com cotées en Bourse. Pourtant, si Amazon est devenue l’une des plus grandes entreprises du monde, ce n’est pas grâce à sa librairie.
C’est ce qu’ils ont appris en construisant cette librairie qui a fini par rendre Jeff Bezos incroyablement riche.
Les problèmes des années 90
En 1998, je dirigeais une agence qui créait des sites web pour des sociétés de médias.
J’ai créé des sites pour le label de rap Loud Records (celui du Wu-Tang Clan), Bad Boy Records, Interscope Records, Jive Records, BMG, Sony, Miramax, Time Warner et de nombreux films de New Line Cinema.
Nous avons obtenu un certain nombre de nos clients par la corruption, mais ça, c’est une autre histoire.
A l’époque, j’ai pris l’habitude de rencontrer régulièrement nos concurrents qui construisaient également des sites web. Nous nous posions mutuellement des questions, nous essayions de conclure des accords.
« Je te donne ces clients si tu me donnes ceux-là. » « Tu as entendu parler de qui ? » « Il a eu ce client ? » « Vous utilisez quelle technologie ? »
Un déjeuner de travail est resté gravé dans ma mémoire.
Le directeur d’un concurrent venait de lancer le site web d’un film qui avait connu un succès inattendu au box-office. La campagne de marketing pour le film comprenait de nombreux liens avec le site web, et le site recevait plus de trafic qu’il ne pouvait en supporter.
Pour ne rien arranger, les serveurs du site se trouvaient dans les bureaux de l’entreprise à New York. A ce moment-là c’était la canicule et le climatiseur du bureau avait explosé.
Avec des milliers de visiteurs accédant au site, les serveurs surchauffaient et s’éteignaient. Le site ne cessait de tomber en panne.
Le directeur du studio de cinéma était furieux.
Le studio de cinéma était leur plus gros client ; ils ne pouvaient pas se permettre de le perdre.
Le PDG, qui se rendait à un déjeuner pour rencontrer le directeur du studio, dit à ses ingénieurs que le problème devrait être résolu avant son retour.
Et effectivement, une fois revenu, il a constaté que les ingénieurs avaient percé un trou dans le mur afin que le bureau soit refroidi par l’air conditionné du couloir.
La direction de l’immeuble menaça alors de les expulser.
Mais ce n’était pas grave : la solution fonctionnait, les serveurs tournaient bien et l’entreprise vécut encore un jour de plus.
Ceci est un exemple de l’une des problématiques majeures de l’époque : à la fin des années 1990, la partie la plus difficile de la création de sites web était la gestion des serveurs qui les faisaient fonctionner.
C’était une corvée qui nécessitait une maintenance constante : supervision des mises à jour logicielles, mise à niveau du matériel, ajout de nouveau matériel lorsqu’il y avait un besoin de capacité supplémentaire, et ainsi de suite.
Tandis que mes concurrents et moi-même vivions ces difficultés sur la côte est, Jeff Bezos et son équipe vivaient les mêmes maux sur la côte ouest.
Le prochain Amazon ?
Et c’est là qu’ils eurent une idée de génie. Quatre ans plus tard, ils lançaient Amazon Web Services (AWS) afin de simplifier la gestion de l’infrastructure web pour les entreprises.
Selon certaines estimations, quelque 30 % du trafic Internet passe aujourd’hui par AWS.
Des entreprises comme Netflix, Slack, Yelp et bien d’autres encore s’appuient sur les serveurs d’Amazon pour mener à bien leurs activités.
Bien que la division AWS n’ait représenté que 13 % du chiffre d’affaires d’Amazon en 2021, elle a généré 74 % du bénéfice d’exploitation de l’entreprise.
En d’autres termes, sans AWS, Amazon ne serait pas le géant technologique qu’il est aujourd’hui.
L’activité ennuyeuse de Jeff Bezos, qui consistait à faire tourner des serveurs, s’est révélée être l’une des plus rentables de tous les temps.
Cependant, l’évolution massive vers l’intelligence artificielle (IA) a déclenché un changement qui pourrait détrôner AWS et faire la fortune d’investisseurs bien positionnés dans le processus.
Encore faut-il savoir comment miser sur les meilleurs candidats !
Cet aspect de l’investissement dans l’IA est tellement important que je ne peux que vous recommander de suivre attentivement les recommandations proposées par mes homologues Ray Blanco et Arthur Toce en CLIQUANT ICI.
A très bientôt!
James Altucher