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Autrefois connue sous le nom de Steel Belt, la Rust Belt, région située au Nord des Etats-Unis, a vu son appellation changer en raison de son déclin. Durement touchée par la désindustrialisation, elle s’efforce aujourd’hui de se réinventer en misant sur les nouvelles technologies…

 

Il y a deux mois, je me promenais avec ma compagne dans ma région d’origine, dans l’Etat de l’Ohio.

Au détour d’une rue, nous avons vu un homme – âgé d’une trentaine d’années selon moi – plié en deux, en train de vomir.

Il s’est redressé, a fait quelques pas, et il a recommencé à vomir. Il n’était que 15h30 : pas vraiment l’heure de faire la fête.

Il nous a remarqués de l’autre côté de la rue.

« Ne prenez pas de Fentanyl » a-t-il crié en agitant faiblement la main.

« On n’en a pas l’intention », lui ai-je répondu. « Vous allez bien ? Vous voulez qu’on appelle quelqu’un ? ».

« Non », a-t-il répondu. « Ça va. »

 

Deux jours plus tard, quelqu’un de mon entourage a vu une autre personne s’arrêter devant sa maison et vomir. Et cela s’est produit dans un quartier assez huppé.

On peut difficilement ignorer l’ampleur du phénomène. Le Fentanyl fait des ravages dans la Rust Belt [NDLR : ancienne région industrielle des Etats-Unis].

Comment régler cette crise des opioïdes ? Nous sommes face à un problème d’addiction d’ampleur nationale.

Tous les ans, l’Amérique enregistre un nombre de décès liés au Fentanyl proche de celui de la Première guerre mondiale (plus de 100 000). Et le fait que le Fentanyl se retrouve dans le cannabis, la cocaïne et les comprimés de contrefaçon laisse à penser que le but est peut-être bien de tuer les gens !

 

MAIS…

 

Mais le nombre de morts par désespoir (par suicide, par usage de drogue ou à cause de leur alcoolisme) est également en hausse.

Récemment… Sebastian Junger a analysé la situation dans son petit livre intitulé Tribu.

Je l’ai lu en entier, debout dans une librairie (mais je l’ai quand même acheté ensuite pour le relire).  Voici ce qu’il écrit :

« La société moderne maîtrise à la perfection l’art de donner aux gens l’impression qu’ils ne servent à rien.  Il est temps que ça cesse. »

 

Et nous en avons peut-être le pouvoir.

 

De la Steel Belt à la Rust Belt

Vous vous souvenez de cette période glorieuse où l’Amérique dominait l’industrie mondiale ?

La plupart des villes américaines les plus riches en 1949 se situaient dans un rayon de 30 km autour de chez moi : Detroit, Cleveland, Chicago, Dayton, Akron et Columbus.

Dans le livre The Wright Brothers de David McCullough [Les Frères Wright en français, NDLR], Dayton (Ohio) est cité comme « le lieu idéal pour les inventeurs et les entrepreneurs ».

C’est difficile à imaginer quand je circule aujourd’hui en voiture dans ce qu’on appelait autrefois la Steel Belt, tant la région s’est dégradée. Mais c’est vrai. Cette zone était le centre névralgique technologique de l’Amérique.

ET, selon Aaron Slodov, le P-DG d’Atomic Industries, on ne devrait pas enterrer trop vite la Rust Belt.

Slodov fait partie des chefs d’entreprises américains qui ont l’intention de faire renaître la Rust Belt. Et moi, je l’encourage.

 

Métropoles américaines les plus riches en 1949

Revenu médian des ménages

(Toute la zone métropolitaine – Ville principale)

 

Rust_Belt_revenus_en_1949

  

 

L’IA peut-elle faire renaître la Rust Belt ?

Basée à Detroit, Atomic travaille sur l’automatisation et la rationalisation des processus complexes de fabrication d’outils et de matrices, étape cruciale dans la production de tout ce qui va des pièces automobiles aux trombones.

En se servant de l’IA et de simulations, le logiciel Atomic conçoit et teste des modèles d’outils en quelques heures seulement, au lieu des mois nécessaires si un humain s’en chargeait.

Le potentiel en présence est énorme : une production plus rapide et moins chère pourrait rendre les activités manufacturières américaines compétitives.

La vision d’Atomic est audacieuse : rendre la fabrication de masse aussi dynamique et omniprésente que le développement de logiciels.

Comme le dit Slodov, « Il est crucial de faire progresser le monde des atomes au même rythme que le monde des bits [informatiques] ».

L’équipe d’Atomic a la vision d’un avenir où des fabricants s’appuyant sur énormément de technologies pourraient « faire tourner des usines capables de produire en masse n’importe quoi à une fraction de la vitesse et des coûts actuels ».

Je vais contacter Slodov, prochainement, pour aller à Detroit. (Quand je serai rentré de Próspera).

 

Comme je l’ai dit récemment, Atomic Industries n’est qu’une infime partie du mouvement « Deep Tech » en cours aux Etats-Unis.

C’est un changement d’envergure par rapport aux stratégies suivies par les entreprises jusqu’à maintenant: ne plus se concentrer uniquement sur le logiciel et remettre au premier plan les machines.

 

A bientôt !

Chris Campbell

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