Parmi les lecteurs du Billet du Trader, il y a de vrais traders, des accrocs des allers-retours ; et puis il y a des amateurs qui veulent s’essayer au trading, et il y a aussi des investisseurs « bons pères de famille » qui veulent avoir des vues un peu plus techniques sur certaines valeurs, pour compléter leurs analyses fondamentales.
Gilles Leclerc s’adresse aux pros, aux semi-pros et aux amateurs éclairés, qui savent jongler avec les stop-loss, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Pour ma part, je voudrai m’adresser aux bons pères de famille. C’est la raison pour laquelle nous avons une vue complètement différente sur ORANGE (FR0000133308) par exemple. Vous avez sans doute noté, via mes différents posts sur le site, que j’étais carrément baissier sur le titre. A contrario, Gilles vous a envoyé hier une analyse pour jouer un beau rebond.
Comme je vous l’ai dit, j’ai une vision de plus long terme, et donc complètement différente.
ORANGE est dans un marché, celui des télécommunications, en pleine déconfiture. Les acteurs comme Free ont cassé les prix et cassé les marges, sans jamais investir dans les équipements lourds. ORANGE, par contre s’est endettée lourdement pour cela. Dans une période comme celle que nous vivons, une société endettée sur le long terme va avoir du mal à supporter la forte hausse des taux attendue dans les mois qui viennent.
ORANGE, c’est la patate chaude qui encombre le gouvernement, qui encombrait la Caisse des Dépôts, et qui vient d’être refilée à la BPI (Banque Publique d’Investissement) de François Hollande, qui vient succéder au FSI (Fond Stratégique d’Investissement) de Sarkozy. Deux coquilles aussi creuses l’une que l’autre et qui devaient être dotées de 20 milliards d’euros.
Sur ces 20 milliards d’euros, les 13,6% de FT-ORANGE étaient évalués 7 milliards. L’action valait alors 16 euros, contre 7,34 euros aujourd’hui – ou 8,5 euros au plus haut cette année.
L’autre bijou de la couronne du FSI était la SAUR, qui fut le N°3 des services à l’environnement. Les 38% que détenait le FSI dans cette société ont été vendus aux banques pour 1 euros symbolique. Mais oublions la BPI, qui n’est pas notre sujet et revenons à ORANGE et aux Télécom.
L’Espagne a connu la récession avant nous. En 2012, de nombreux utilisateurs de téléphones mobiles ont coupé leurs abonnements. TELEFONICA et Vodaphone, les deux plus gros opérateurs du pays, ont le plus souffert.
Aujourd’hui, alors que le marché s’est raffermi, on constate que TELEFONICA (ES0178430E18) est tombée de 38% de part de marché à 34,9% ; VODAPHONE (GB00B16GWD56) de 28,2% à 25,5%. Les grands gagnants étant les fournisseurs de services virtuels comme Free.
Dans les mois qui viennent, la France va prendre la crise de plein fouet avec la hausse des taux, puis la hausse du pétrole. La téléphonie mobile est un luxe, que beaucoup de Français ne vont pas être capable de s’offrir au prix fort. Si la clientèle ne quitte pas ORANGE, elle changera pour des forfaits aux prix bradés proposés par les sous-marques.
L’action ORANGE ne pourra que baisser.
Valeur de rendement ?
Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les écoutent.
Le Président d’ORANGE peut bien promettre un rendement exceptionnel, ce ne sont que des promesses… des bulles de savon, que la société sera bien incapable de tenir dans douze mois.
Si vous tenez à avoir des actions en bourse et conserver un portefeuille dans la durée, attendez, pour acheter, que les banques se soient écroulées, entrainant tout le marché avec elles. Soyez juste patient. Vous récolterez ORANGE à 6 euros et même sans doute moins.
D’une manière générale, les conseils que j’ai entendus recommandaient de jouer dans le sens général du marché. Une hausse estivale de ORANGE ne serait qu’un rallye haussier dans un marché baissier.
Soyez pleinement conscient que jouer cette hausse est un jeu de pur trader, pas un placement de bon père de famille. C’est du moins mon avis !