Ce mercredi après-midi, une statistique très attendue est tombée : l’inflation US. Des chiffres cruciaux qui « drivent » la politique monétaire de la banque centrale américaine et qui, elle-même, a une incidence – directe et importante – sur les marchés mondiaux. Le climat semble se détendre. Pour autant, rien n’est encore gagné. Et ce d’autant que la Fed pourrait bien se retrouver prise à son propre jeu…
Les chiffres sont tombés, l’inflation US s’est établie à 4,9 % en avril (en glissement annuel). Pour info, le consensus tablait sur 5 %.
« Fabuleux, l’inflation ralentie ! », c’est peut-être de cette manière qu’ont réagi certains observateurs en apprenant hier la nouvelle. Plus encore quand on sait qu’il s’agit du 10e mois de baisse consécutif.
Mais, la réalité est différente…
Inflation, la réalité derrière les chiffres
La réalité est peut-être moins plaisante à entendre…
En effet, certains indicateurs avancés nous montrent que l’inflation pourrait bien repartir à la hausse d’ici peu. Et ce, même si le consensus s’attend, lui, à une poursuite de la baisse au cours des prochains mois.
Regardez ce graphique :
Scénarios de projections d’inflation (Bloomberg)
L’inflation reste persistante, c’est un fait. Nous sommes toujours loin de l’objectif des 2 %. Même l’inflation core, qui exclut tous les facteurs inflationnistes les plus volatils (alimentation et énergie notamment), est toujours beaucoup trop élevée, beaucoup trop persistante aux Etats-Unis.
De fait, ces scénarios me semblent bien trop optimistes à l’heure actuelle.
D’ailleurs, la réaction du marché, hier en séance, le montre bien. Une fois tombée, la statistique nous a offert beaucoup de volatilité comme à son habitude. (Une volatilité qu’il convient d’ailleurs de savoir dompter correctement si l’on est trader.)
S&P500 UT 5 minutes (Sierra Chart)
En effet, sur la séance d’hier, le delta entre le plus-haut et le plus-bas est à 1,3 %… Traduction : le marché reste particulièrement fébrile.
Pourquoi donc tant de nervosité ? Tout simplement parce que la Fed est désormais prise à son propre jeu… Un jeu dangereux, avec des injections monétaires record sur les marchés, qui a démarré il y a 3 ans lors de la pandémie de COVID-19.
Pourquoi la Fed est finalement piégée à son propre jeu ?
Je m’explique. L’origine de nos maux actuels se trouve ici puisqu’il s’agit là du principal déclencheur de l’inflation américaine.
Pour réguler cette inflation, la Fed n’a pas eu d’autres choix que d’augmenter de manière très agressive ses taux d’intérêts.
Résultat des courses :
- l’endettement massif des Etats-Unis commence à poser de sérieux problèmes et, nous le savons, plus les taux montent et plus le gouvernement américain devra s’acquitter ce que l’on appelle les intérêts de la dette. En cas de défaut, la situation pourrait provoquer un choc systémique considérable ;
- nous commençons à peine à entrevoir les premiers effets de ces hausses de taux. Les nombreuses faillites bancaires avec lesquelles les Etats-Unis composent actuellement sont loin d’être anodines ;
- la Fed ne peut pas revenir en arrière, elle risque de perdre le combat contre l’inflation et provoquer un scénario similaire aux années 1980…
Mais la situation peu se dégrader plus encore… Le risque est que la Fed aille trop loin en se basant sur les données de l’emploi particulièrement solides qui contrastent avec bon nombre d’indicateurs avancés qui pointent vers un scénario récessif pour la fin de l’année aux Etats-Unis. Le resserrement du crédit pourrait fortement impacter l’économie et commence déjà à provoquer quelques faillites…
Le risque d’aller trop loin, c’est de continuer d’augmenter les taux pour finalement se retrouver dans une situation difficile sur le plan de la dette américaine et du ralentissement de la consommation.
La Fed en réalité est piégée à son propre jeu et les solutions de replis sont peu nombreuses à mon sens.
Comme nous le voyons récemment sur le marché, un très petit groupe d’actions permet au marché de tenir ; et le stock picking est relativement difficile dans ce contexte.