Malgré les rebonds des actions Microsoft et Nvidia en début d’année, on ne peut pas dire que l’intelligence artificielle porte bonheur à tous les titres. Elle peut aussi impacter les perspectives de croissance négativement, voire occasionner de la destruction de valeur…
En ce mois de mai consacré à l’Intelligence Artificielle (IA), mes collègues et moi-même avons eu l’occasion d’intervenir en vidéo à propos des futurs bouleversements induits par cette nouvelle technologie. Etienne Henri est ainsi revenu sur le potentiel des IA génératives comme ChatGPT, et j’ai moi-même pu apporter ma contribution en compagnie d’Arthur Toce à propos de l’impact de l’IA sur le trading et les salles de marché.
Vous l’aurez compris, l’IA est au cœur de nos préoccupations. Sera-t-elle synonyme de progrès ou, à l’image de Geoffrey Hinton (l’un des pionniers de Google sur le sujet), faut-il au contraire en avoir peur ? La question est posée.
Un gain de performance pour le trading
En voyant le verre à moitié plein, l’IA implémentée sur les marchés financiers a vu le trading à haute fréquence devenir monnaie courante ces dernières années.
Les algorithmes analysent et anticipent les mouvements de marché (jusqu’à un certain point cependant). En effet, l’automatisation des opérations permet d’intervenir avec une rapidité (on parle ici de microsecondes) face à laquelle l’humain ne peut pas répliquer.
Temps d’action/de réaction réduit, couplé à un risque minoré (alors que le facteur émotionnel de l’humain est mis de côté, ou tout du moins minoré dans la prise de décision), voilà la raison du succès de l’IA chez les professionnels ces dernières années.
Indéniablement, cela va de pair avec des réductions d’effectifs dans les salles de marchés. Comme toujours, la finalité étant de pas venir rogner les perspectives bénéficiaires…
Des dégâts à prévoir dans certains secteurs
Un succès massif des outils développés grâce à l’IA risque de causer dans un premier temps de la destruction de valeur (selon le processus de destruction créatrice de Joseph Schumpeter).
Cela se vérifie déjà. Rien que la semaine dernière par exemple, il a suffi que l’entreprise américaine d’aide aux devoirs Chegg indique que ChatGPT impactait ses perspectives de croissance pour que son cours de Bourse soit divisé par deux en une seule séance (cf. le gap ouvert ci-dessous).
D’autant que, comme souvent en Bourse, ce genre d’annonce a eu un effet de ricochet/d’onde de choc sur les acteurs du secteur, comme sur le britannique Pearson.
Dans le sillage de l’avertissement de son homologue vis-à-vis de ChatGPT, le titre de l’éditeur anglais avait par exemple dégringolé de 15 % mardi 2 mai (cf. rectangle de couleur ci-dessous).
L’avenir nous dira si ce genre de réaction sectorielle restera un cas isolé ; éventualité qui est loin d’avoir mes faveurs…