Dans un contexte économique aussi turbulent, les prévisions de croissance des bénéfices des entreprises françaises semblent difficilement réalisables… seront-elles épargnées d’une sanction boursière sévère ?
Le fait que le gouvernement ait décidé de réviser à la baisse sa prévision de croissance sur 2023 de 1,4% à 1%, avec un pic d’inflation censé durer plus longtemps que prévu, n’est clairement pas une bonne nouvelle.
Certes, la situation n’a rien de surprenant compte tenu de la flambée énergétique, entraînant à terme – même si le bouclier tarifaire joue un rôle de coussin de sécurité – une ponction sur le pouvoir d’achat des ménages, et donc sur la consommation… Reste à se demander comment les entreprises françaises comptent résister à cette dégradation de l’environnement.
D’ores et déjà, on peut s’attendre à une forte hausse des défaillances d’entreprises, et surtout à des problèmes de remboursement du PGE (prêt garanti par l’État) pour certaines d’entre elles. La France est pourtant assez bien lotie, dans la mesure où – a priori – elle ne basculera pas dans la récession ; ce n’est pas le cas pour de nombreuses autres régions du globe.
En effet, le mot récession est sur toutes les lèvres, que ce soit dans la Zone euro, ou bien aux États Unis… De son côté, la Chine n’a aucune chance de réaliser une croissance supérieure à 5% comme cela était attendu ; elle devra se contenter d’à peine 3%.
Dans ces conditions, il est possible de s’interroger sur les prévisions de croissance des bénéfices de 2022 des entreprises françaises, du moins pour le CAC 40. Car celles-ci sont en réalité très élevées, avec une croissance attendue de plus de 30%.
Il me semble vraiment difficile d’y parvenir, et je n’exclus pas des révisions drastiques, notamment sur l’ensemble du troisième trimestre. Certes, la santé financière de nos stars françaises est étincelante, avec des structures de bilans plus que saines ; mais il me semble tout de même qu’il sera difficile, dans un contexte économique tournant au ralenti, de retrouver de telles croissance de résultat.
Sur 2023, les chiffres sont plus cohérents, avec une baisse attendue de l’ordre de 3% à 4% des bénéfices… Mais là encore, difficile de savoir comment les macro-économistes pourraient vraiment avoir une longueur d’avance ; car les sanctions boursières pourraient être sévères.
Rendez-vous donc à la mi-octobre, pour le début des publications trimestrielles. D’ici là, les investisseurs auront les yeux rivés sur l’inflation et les banques centrales.