Depuis quelques mois, les banques centrales mondiales s’accordent sur le fait de relever les taux pour contrôler l’inflation. Pour Slimane Himora, c’est problématique. Il vous dit pourquoi dans cet article…
Dans un premier temps fixons ensemble en quoi consiste la hausse des taux.
Une hausse de taux consiste au relèvement des taux directeurs fixés par les banques centrales.
En théorie, si le taux de la banque centrale est bas, le coût du crédit est faible, ce qui influe positivement sur l’économie et la croissance. Ce principe simple contribue à l’alimentation de la demande car il permet à plus de ménages d’avoir accès à un crédit, ou à un crédit supérieur (si le taux s’avère être bas).
La fin des taux bas pendant au moins 2 ans
D’ici la fin de cette année 2022, la Réserve Fédérale Américaine souhaite porter la montée des taux directeurs autour de 3,4% contre 1,9% annoncé l’année dernière…
PROJECTIONS DES TAUX D’INTÉRÊTS I Source : Bloomberg
Pour 2024, les projections des taux directeurs sont attendues autour de 4,5%, des chiffres jamais observés depuis la période 2007/2008.
Nous pouvons espérer une réduction des taux directeurs au minimum après 2024.
Nous venons officiellement de marquer la transition entre deux ères : une ère de taux bas, de facilité d’accès au crédit et une ère de taux relativement hauts avec un crédit un peu moins accessible.
Pourquoi ce tour de vis peut s’avérer problématique pour l’économie ?
Comme expliqué au début de cet article, un environnement de taux bas stimule l’économie en favorisant la consommation et l’investissement.
Cette hausse de taux intervient dans le cadre du contrôle de l’inflation qui s’avère problématique aux États-Unis et qui se propage peu à peu dans les autres pays du monde.
Dans les années 80, la hausse des taux a suivi la règle de Taylor qui consiste à augmenter les taux pour suivre la hausse de l’inflation.
À l’heure actuelle la marge semble encore importante si l’on venait à perpétuer cette règle de Taylor.
L’objectif actuel de la Fed est de réduire l’inflation, pour cela elle s’appuie sur un mécanisme simple : la réduction de la demande par l’augmentation des taux d’intérêts, quitte à provoquer une potentielle récession.
En effet, nombre des plus grandes banques du monde entrevoient un risque de récession important pour cette année. Parmi elles nous pouvons citer : Goldman Sachs et la Deutsche Bank.
Durant la période actuelle, un respect de la règle de Taylor induirait une hausse de taux comprise entre 5 et 6% (soit plus que ce qui est initialement prévu par les banques centrales).
Nous pouvons potentiellement nous attendre à des surprises à ce sujet.
Les gagnants et les perdants de cette équation
Parmi les gagnants nous pouvons citer les épargnants : Les produits d’investissement comme le LIVRET A seront revalorisés.
Nous pouvons également citer les banques qui pourraient bénéficier de marges plus importantes suite au relèvement des taux d’intérêts.
Les plus grands perdants de cette hausse de taux seront les emprunteurs qui verront les coûts d’accès au crédit sensiblement augmenter.
Les états et les entreprises déjà fortement endettées verront les coûts des intérêts de leur dette fortement augmenter, et risquer de fortement les pénaliser.
Ce facteur risque d’occasionner bon nombre de faillites, notamment sur les entreprises les plus fragiles qui ne pourront plus se financer.
Cette année, le risque de défaut est en hausse de manière importante, nous semblons nous rediriger vers les plus hauts observés durant la crise du COVID.
Pour l’investisseur, il convient de choisir des entreprises aux fondamentaux solides, en évitant les entreprises endettées et en forts besoins de financement.
L’économie mondiale fait actuellement face à un défi de taille : combattre le risque de récession malgré une forte hausse de taux.