Allez, on démarre la semaine dans la joie et la bonne humeur avec l’analyse que je vous avais promise à propos du « flash crash » qui a fait plonger les marchés boursiers européens lundi dernier.
Les conséquences de ce qui apparaît maintenant comme « une erreur » de saisie de la part d’un trader de Citigoup sont importantes, notamment pour nombre de particuliers qui ont subi de lourdes pertes à cette occasion.
On analyse ce qui s’est passé.
Rappel des évènements
Lundi dernier, quelques secondes avant 10 heures, un tsunami a dévasté les marchés.
Le CAC40 a littéralement dévissé en quelques secondes. Mais pas que le CAC40.
Les bourses allemande, suédoise, italienne, suisse, danoise, belge, espagnole etc. ont elles aussi subitement piqué du nez, au même moment, dans un bel ensemble. Pour remonter aussi sec quelques minutes plus tard.
Sur le moment, j’ai cru que quelque chose de terrible s’étant produit quelque part en Europe était la cause de ce crash généralisé.
Mais non. Rien de tout cela… Il s’agissait « simplement » d’un nouveau flash crash.
Au fait, c’est quoi un « flash crash » ?
Même si le sujet est un peu plus complexe que la définition trouvée sur Wikipedia, cette dernière a au moins le mérite d’être claire et concise :
Un flash crash ou krach éclair est le nom donné à une chute très importante du cours d’instruments financiers sur une période de temps extrêmement courte. Un krach éclair provient souvent de transactions exécutées par des algorithmes de trading, combinée avec du trading haute fréquence, dont la vitesse et l’interconnexion peuvent entraîner la perte, puis la récupération, de plusieurs milliards de dollars sur quelques minutes ou quelques secondes.
Et effectivement. Pendant quelques courtes minutes, ce ne sont pas moins de 300 milliards d’euros qui se sont « évaporés » sur les marchés européens. Détruits par soi-disant une « malencontreuse erreur de saisie » d’un trader travaillant pour Citigroup, selon un communiqué du groupe.
Le plongeon a été suivi d’un rétablissement aussi rapide et brutal que le fut le décrochage.
Ci-dessous, le CAC40 en unité de temps 10 secondes. On voit à quelle vitesse l’onde de choc s’est propagée. Et à quelle vitesse le rebond a pris place.
A noter que le CAC40 n’a pas été l’indice européen le plus touché. L’OMX (bourse danoise) a par exemple plongé de 8%. Avant lui aussi de se reprendre.
Les coups les plus violents ont été portés sur les actions. Orange, Arkema et Engie en sont les illustrations. La volatilité a atteint 8 à 10%.
Sur des valeurs comme Dassault Systèmes, la volatilité a dépassé les 15%.
Ce flash crash a causé d’énormes dégâts
Le premier constat étant que tous les ordres stops positionnés dans l’intervalle de prix balayé par l’algo ont été touchés.
En clair, cela veut dire que les particuliers et sans doute pas mal de professionnels qui avaient posé des stops (des ordres à seuil de déclenchement) se sont fait « sortir » sans ménagement et ont perdu la mise, voire les profits précédemment engrangés. Ceux qui étaient déjà en perte ont vu cette perte gonfler (et se concrétiser) quand leur ordre a été touché.
Et c’est sans mentionner les traders qui détenaient des produits à fort effet de levier (CFD, turbos, futures etc.). Leurs pertes ont été démultipliées par le facteur du levier.
De quoi enrager…
Pas vu, pas pris ?
Question subsidiaire : et dans la phase de rebond extrêmement rapide qui a suivi, à votre avis, qui a pu en quelques secondes racheter le marché ou des actions qui venaient tout juste d’être vendues lors du crash ?
Certainement pas un particulier, ni même un professionnel. En tout cas pas sans l’appui d’un algo ultra rapide – voire carrément d’un algo haute fréquence.
La remontée a été bien trop rapide pour qu’un « humain » ait le temps de passer ou repasser manuellement des ordres d’achat sur les positions dont il s’est fait éjecter.
Moralité ? Les algos ont fait plier le marché en quelques instants – ce sont eux qui ont donc majoritairement empoché la mise… à la hausse.
Je vous laisse apprécier…
Quand tu casses, tu paies ?
On pourrait penser que suite à une « erreur » ayant causé autant de dégâts, les ordres puissent être annulés, les actifs restitués à leur (ancien) propriétaire et l’ardoise effacée… avec à la clé des excuses et explications de la part des responsables qui ont commis cette navrante « bévue ».
Eh bien non.
Les perdants ne seront pas remboursés. Juridiquement, on ne peut pas se retourner contre un autre opérateur s’il n’y a pas de preuve de manipulation délibérée. Comme Citigroup a plaidé l’erreur…
Circulez, il n’y a rien à voir
Par comparaison, disons que si un chauffard commet une erreur de conduite ayant causé un carambolage sur l’autoroute et que par sa faute des personnes sont blessées, avec le même « raisonnement », le chauffard peut s’en tirer sans être le moindre du monde inquiété en déclarant que ce n’est pas de sa faute, il ne l’a pas fait exprès. Et que de toute façon, ceux qui prennent le volant savent à quel risque ils s’exposent.
Une fois de plus… Libre à chacun de se faire son opinion.
Un constat consternant
Un bon point pour commencer : les bourses (Euronext, CAC, etc…) ont rapidement stoppé les négociations. C’est que l’on peut constater sur les graphes d’Orange, etc.
Il y a une période de blanc – sans cotation. Cela correspond au moment où les valeurs ont été suspendues.
Elles ont bien réagi, et très rapidement.
Mais face à un algo, « rapidement » c’est une éternité. En quelques secondes, le mal était fait.
Plus inquiétant, cette « erreur » de saisie qui a fait plonger les marchés montre que …les systèmes de contrôle de la banque sont inopérants.
Ou en tout cas n’ont pas fonctionné dans le cas du flash crash de lundi dernier.
On pourrait s’attendre au minimum qu’une « erreur de saisie » de cette ampleur ait pu faire sonner quelques alarmes, et empêcher la transaction d’être validée.
Encore plus inquiétant, Citigroup n’explique pas comment une telle « erreur » a pu se produire. Si vous ne savez pas d’où vient l’erreur, vous n’avez aucune chance de pouvoir la corriger.
Ce qui veut dire que cela pourrait se reproduire ?
Après too big to fail, too big to trade ?
Si UN trader dans UNE banque peut par « inadvertance » faire basculer les bourses européennes, n’est-il pas plus que temps de mettre le holà et d’obliger ces banques too big to trade à diminuer la voilure ?
La puissance de feu financière de ces grandes banques et de certaines firmes de trading algorithmique est complètement disproportionnée et dangereuse pour tous – comme le montre une fois de plus l’incident de la semaine dernière.
Personne ne devrait avoir le pouvoir (voire le loisir) d’impacter les marchés de cette façon à lui tout seul.
Bon, ok, on peut rêver, cela n’arrivera jamais.
Les lobbies sont bien trop puissants pour que quiconque s’essaye à les réguler avec ce genre de contrainte.
Quant à leur faire payer les pots cassés… même pas la peine d’y penser.
Bonne semaine (quand même) à tous,
Gilles,
Merci encore !
Au fait, j.ai un piège à algos !!
Les demis fibos ou mini fibos,…entre 2 ou 3 pointsboivotss pivots,…par exemple.
Probabilité de trouver les zones de reverse.,…plus
de 80%.
Merci encore !