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L’Euro Stoxx 50 : bientôt mieux valorisé qu’avant une guerre des taux ?

Alors que les tensions géopolitiques sont loin d’être apaisées, le décalage entre les niveaux de l’Euro Stoxx 50 et celui des taux nous montre que quelque chose ne tourne pas rond… Philippe Béchade décrypte la situation.

La spectaculaire hausse des places européennes mercredi a signé le retour d’un climat risk-on : comme il n’y avait rien de très concret sur le front géopolitique, sinon la « fuite » de pourparlers au plus haut niveau entre Washington et le Kremlin (qui poursuivait sa guerre en Ukraine sans même évoquer la possibilité d’un cessez-le-feu), il faut en conclure que les opérateurs ne s’attendaient pas à une mauvaise surprise de la part de la Fed. Enfin, à rien qui soit susceptible de décevoir Wall Street.

La Réserve fédérale américaine a comme prévu annoncé une hausse de 25Pts de base de son principal taux directeur, et le Nasdaq salue la nouvelle par une hausse de +3,8 % : le «  fait accompli  » a encore frappé !

Le raccourci semble d’une naïveté insondable mais il colle plutôt bien à la réalité. Le déroulé de la séance comporte juste une petite subtilité qui ne remet pas en cause la pertinence de l’introduction : à 19h01, communiqué de la Fed et brusque décrochage de -1 % ; en un quart d’heure, 2 indices sur 3 basculent dans le rouge.

Peu avant 19h30, le Nasdaq en hausse initiale de +3 %, ne gagnait plus que 0,4 %… mais dès 19h31, il inverse la vapeur et s’offre une directissime à la hausse de +450Pts (+3,3 %) pour en terminer au plus haut, à 13 440.

Pour qui ne regarde que le fixing d’ouverture et de clôture, c’est une séance de hausse qui ne souffre d’aucune équivoque : « gap » d’impulsion initial, prise à contrepied des vendeurs à découvert, confirmation des attentes par la Fed.

Les acheteurs saluent le « fait » accompli, la journée se termine au plus haut ; c’est net et sans bavure.

Et pourtant, comme cela a été décrit, la séance de mercredi à Wall Street ne constitue pas un copié/collé de la hausse funiculaire des indices européens : c’est la 2ème fois en 6 séances que l’Euro Stoxx 50 engrange plus de 4 % de gain.

Mais cette envolée du 16 mars tombe à un très bon moment : pile à 48h de la séance des « 4 sorcières ». Une semaine plus tôt, le terme de mars aurait pu être un désastre avec un repli de – 16,5 à – 17 % depuis le 18 février dernier, et voilà que le repli se retrouve contenu à environ -80Pts, soit – 2 %.

Imaginez que l’on vous ait annoncé le déclenchement d’une guerre Russie / Ukraine de forte intensité, des pénuries d’énergie imminentes, un litre de gasoil à 2,30€ (1€ de plus que le 16 mars 2021), une récession à suivre et des hypothèses de profits d’entreprises largement surévaluées.

Auriez-vous misé sur – 2 %… ou sur – 12 % ?

Il n’empêche que l’Euro Stoxx 50 vient de retracer 50 % des 1 000Pts perdus entre 4 400 et 3 400Pts, en se hissant vers 3 929, c’est à dire au point près le niveau de son plancher du 3 mai et 18 juillet 2021 (3 925 et 3 928 respectivement), avant d’en terminer à 3 890… son niveau de clôture du 28 mars 2021.

Le prochain objectif ne serait autre que les 3 990, l’ex-plancher et seuil de rupture du 3 octobre dernier.

Et dans ce cas, c’est comme si la crise ukrainienne n’avait jamais eu lieu, que l’inflation était 2 % plus basse, et les taux longs 70 à 75Pts de base plus bas, sur nos OAT (0,12 % à l’époque, 0,85 % ce 17 mars) ou les T-Bonds US (1,45 % contre 2,20 % avant mais aussi après la présentation de la stratégie de la Fed).

Cette juxtaposition des niveaux de l’Euro Stoxx 50 et des taux démontre que quelque chose « ne colle pas »… rajoutez-y le facteur guerre et cela tient du miracle.

Et en l’occurrence, il ne peut y avoir de miracle, soit – pile – les marchés obligataires se trompent, soit – face – ce sont les gérants de portefeuilles boursiers. Dans 90 % des cas, c’est le « pile » qui l’emporte sur le « face ».

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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