Philippe Béchade attend de pied ferme l’annonce miracle de cette année. Après le vaccin contre le Covid-19 de Pfizer – suivi de ceux de Moderna et d’Astrazeneca – quel sera le prochain miracle boursier de noël ?
Soyons francs ! Mercredi dernier, il était tentant de parier sur le scénario de marché vendant la nouvelle d’un tapering préparé de longue date par la FED avec la même minutie qu’un green de golf avant le Masters d’Augusta ou la Ryder Cup.
L’annonce d’un tapering étant anticipée par 100% des investisseurs, le seul minuscule suspens concernait l’ampleur retenue de la réduction des achats mensuels. 95% du consensus pariaient sur une réduction de 15 Mds$ alors que 5% tablaient sur une stratégie plus agressive de -20 Mds$. Et vu la vigueur de l’inflation et son installation dans la durée, c’est ce que de nombreux membres de la FED concèdent depuis cet automne.
L’enchaînement de 9 records intraday au cours des 10 séances faisait déjà figure d’exploit quasi historique alors même que nous étions à la veille de la conférence de presse post-FOMC de Jerome Powell… mais en aligner 3 de plus après la décision de la FED pour finir la semaine au plus haut… cela relève du prodige !
Il serait tout aussi prodigieux que la FED puisse tenir sa promesse de ne pas relever son taux directeur avant l’automne 2023, grâce à une inflation reprenant sagement le chemin des 2% au cours des six prochains mois.
Mais y a-t-il encore besoin de scénarios économiques crédibles pour expliquer comment Wall Street a pu entamer le mois de novembre par un nouveau carton plein de records ?
Quel rôle ont joué les algos dans ce 5 sur 5 pour le S&P500 qui dépasse les 4 700 points et engrange +2% en hebdo… sans avoir jamais ébauché la moindre consolidation intraday en 45h de cotations prises en continu depuis le 26 octobre ? En effet, le S&P500 alignait vendredi son 7ème record consécutif et sa 16ème séance de hausse sur 18 !
En comparaison, le Dow Jones s’est hissé à 36 485 points et le Nasdaq a culminé à 16 053 points passant le cap des 24% de performance annuelle.
La fin annoncée du Covid-19 fait flamber les cours !
Une détermination aussi inflexible et sans le moindre relâchement de la part des acheteurs ne traduit plus rien d’humain… A moins que quelques initiés aient eu connaissance de la teneur et du moment précis de la publication du communiqué de Pfizer vendredi matin.
Presque un an jour pour jour après l’annonce d’un « vaccin efficace à 95% », Pfizer a publié vendredi matin un nouveau communiqué « coup de tonnerre » ! Le numéro un mondial de l’industrie pharmaceutique a indiqué qu’un nouveau traitement anti-Covid-19 (par voie orale) serait efficace à 89% contre le risque de développer des formes graves chez les patients « fragiles ».
Le virus serait alors sur le point d’être définitivement vaincu selon Pfizer.
Et Joe Biden s’est empressé d’abonder dans ce sens en déclarant que les Etats-Unis avançaient vers une sortie de la pandémie grands pas.
Sans surprise, Pfizer s’est donc envolé de +10,9%, faisant plonger les autres producteurs de vaccins, et notamment son principal rival Moderna (-15,9%), Merck (-10%), Regeneron (-5,6%), etc.
Tout comme ce qui s’est passé il y a un an (à 5 jours près), la perspective d’un traitement « efficace » qui semble tout spécialement convenir aux personnes âgées « fragiles » a fait flamber les croisiéristes dont la clientèle du 3ème âge est majoritaire. Les hausses s’étageaient entre 8 et 9% pour Norwegian Cruise, Carnival et Royal Caribbean. Et les sites de réservations comme Booking et Expédia ont également pu profiter de la vague en prenant respectivement de 7,5% et de 15,8%. Quant aux compagnies aériennes, sur le sol américain, les cinq principales ont vu leur cours prendre entre 6 et 8%.
Et à Paris, quels secteurs le communiqué de Pfizer a-t-il fait flamber ?
Le secteur aérien est naturellement le premier à profiter d’une telle annonce : Airbus remonte de 4,5% et safran, 5%…
Mais ce qui a définitivement propulsé le CAC40 au-delà des 7 000 points – et surtout le CAC40 GR au-delà des 20 000 points –, c’est bien une fois de plus les valeurs du luxe et notamment LVMH (+2,5%) puis Hermès qui a bondi vers 1,475 € et franchi le cap des +66% de hausse annuelle.
Notons qu’Hermès n’est devancé que par Société Générale avec +76%… La Société Générale qui affiche au passage la même performance annuelle que Tesla.
En parlant de Tesla, Elon Musk vient d’effectuer un sondage auprès de ses 60 millions de followers pour savoir s’il devait vendre 10% des titres qu’il détient (soit 17,05 M$ sur 170,5 M$). Cela lui rapporterait près de 21 Mds$ (de quoi racheter 2 fois Renault) sachant que le titre vient de gagner 12% en 5 séances et 56% en un mois.
Près de 58% de ses fans ont répondu « oui » et Elon Musk assure qu’il se conformera aux vœux de sa communauté. Les actuels actionnaires de Tesla vendront-ils la nouvelle… contrairement à Wall Street lors du communiqué de la FED ?
