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Bitcoin, Ethereum & CieDevises & Cryptos

Tout est au plus haut !

By 18 octobre 2021One Comment

Philippe Béchade revient dans cette chronique sur les actifs et les crypto-actifs. Tout est tellement haut que notre expert craint que ça dure…

L’abondance de liquidités sur les marchés reste sans précédent connu et cela alimente toutes les stratégies visant à réaliser des gains rapides sur toutes les catégories d’actifs présentant une liquidité satisfaisante. Le Bitcoin jouit depuis longtemps de ce statut d’actif « investissable » et sa liquidité va être grandement optimisée par l’émission d’ETF « Btc » qui vont permettre de contourner une des limites techniques rédhibitoires qui constitue le faible nombre d’opérations exécutables à la seconde.

Plus de difficulté de cet ordre avec des « dérivés » : ce sont eux qui ont permis de créer 500 onces virtuelles échangeables pour une once d’or physique réelle.

Qu’il s’agisse des SPACs (sans raison sociale, ni métier, ni recettes) ou des dérivés de cryptos, il s’agit d’actifs « sans contenu » et sans valeur intrinsèque… ce qui ne suffira plus à dissuader des « investisseurs » qui dénoncent des banquiers centraux devenus de faux-monnayeurs.

Ces aventuriers tentent de se convaincre – et de nous convaincre – qu’ils agissent par conviction, de la même façon que des collectionneurs s’intéressent à l’art moderne et à des œuvres tout aussi dépourvues de « valeur intrinsèque ». C’est ainsi qu’une toile blanche à 10 $ barrée d’un trait de peinture rouge peut se négocier à 10 M$ du jour au lendemain.

Œuvres d’art = Bitcoin ?

D’ailleurs, œuvres d’art et blockchain pourraient en quelque sorte « fusionner » via les NFT, ces fichiers numériques cryptés et « uniques », renfermant une « œuvre » dont l’auteur/artiste peut céder les droits à un propriétaire qui à son tour peut le négocier soit de gré à gré, soit via un système d’enchères. On peut aussi imaginer ces certificats d’authenticité numériques enregistrés au sein même de la blockchain.

La question de la caractéristique « d’actif cessible » étant juridiquement résolue, le reste n’est qu’affaire de jugement personnel sur la valeur de cet actif… et du partage de cette conviction, ce qui est – a priori – la caractéristique première d’une monnaie fiduciaire.

Sauf que la monnaie est adossée à une valeur mesurable résultant d’activités humaines (et non d’une puissance de calculs cybernétiques), c’est-à-dire des flux financiers résultant d’une création de richesses et de recettes fiscales bien réelles, puis d’une part de « réserve » sous forme de stocks de devises étrangères ou de métaux précieux.

Mais si le fait de fuir « une monnaie de singe » est compréhensible, se précipiter sur des actifs « singeant la monnaie » – ou une œuvre d’art – peut-elle procurer une forme de sécurité tangible et durable ? Ou même une forme d’émotion artistique ?

Il faut se rappeler que dans ce cas précis que le support est totalement immatériel, que des milliers de cryptos naissent du néant et n’ont d’autre vocation que d’y retourner… Il en va de même pour ces œuvres qui n’ont pas d’existence physique…

Et cette question de la déconnection entre un actif et sa « valeur », nous nous la posons depuis longtemps au sujet des entreprises cotées en Bourse. L’une des principales explications aux valorisations stratosphériques actuelles est bien la même que pour les SPACs, les cryptos (et les NFT) : on se fiche de savoir ce que ça vaut intrinsèquement. Il y a tellement de pognon dans le système qu’il se trouvera toujours quelqu’un pour le racheter plus cher… Et peu importe que le pétrole ait doublé en un an ou le gaz, quadruplé. Et si le Bitcoin était la meilleure couverture contre l’inflation ? Que deviendrait l’or ? Faut-il le balancer dans les oubliettes de la préservation de la « valeur » ?

Nous savons tous comment cela se termine, mais jamais « quand » ça se termine.

Les banques centrales – dont la FED et le BCE – ont beau avertir qu’il y aura « moins de pognon » dans le système dès novembre, les marchés semblent penser qu’il y en aura toujours assez pour assurer l’expansion de ce Ponzi taille XXXXL.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

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