Aujourd’hui, Philippe Béchade s’intéresse aux pénuries qui touchent durement notre économie et l’indice « SOXX ». Le potentiel de repli est-il totalement épuisé ?
Qui ignore encore l’ampleur de la pénurie de composants électroniques ? Dont celle des « microcontrôleurs » sans lesquels plus aucun véhicule particulier ou utilitaire ne peut fonctionner, à plus forte raison, s’il est hybride et de façon sine qua non, s’il est 100% électrique.
Autant la flambée des matières premières indispensables aux batteries (nickel, lithium, cobalt, manganèse, zinc…) devance de quelques mois ou quelques trimestres une pénurie – que d’aucun juge inévitable –, autant la pénurie de semi-conducteurs est une réalité dont l’ampleur a déjà pris de court les industriels les plus aguerris. En particulier ceux du secteur automobile qui doivent recourir massivement au chômage technique depuis le début de l’année.
Avec la succession des confinements en Europe depuis octobre 2020 et la chute de la demande, le manque de composants fut indolore en terme de ventes durant le quatrième trimestre 2020 et premier semestre 2021. Seuls quelques modèles subissaient des retards de livraison.
Mais avec le retour à une forme de « normalité » et les congés estivaux, les cadences de production sont devenues insuffisantes, les délais ont commencé à s’allonger. La fabrication de certains modèles a même été arrêtée pour permettre d’en livrer d’autres : ceux offrant les meilleures marges.
C’est parti pour durer…
Les fabricants de smartphones – même Apple, le client prioritaire par excellence – sont désormais confrontés aux mêmes difficultés de pénuries de puces premium.
Les producteurs de semi-conducteurs sont dépassés par la demande et les hausses de tarifs ont atteint leur maximum. Les clients préfèrent désormais renoncer, recourir au chômage technique dans l’automobile, accepter des retards de livraison pour les leaders de la téléphonie mobile.
C’est peut-être l’explication de la correction boursière qui frappe les titres du secteur, après un triplement de cours (en moyenne) depuis le deuxième trimestre 2020. Enfin, si l’on se réfère au baromètre incontesté qu’est l’indice « SOXX » des semi-conducteurs. Il regroupe des leaders mondiaux tels qu’Applied Materials, ASML, AMD, Broadcom, Citrix, Intel, KLA, Texas Instruments, Western Digital, etc.
Le SOXX est passé de 168 à 476,5 points de mi-mars 2020 au 30 août dernier, rééditant son zénith à la mi-septembre, puis s’offrant une dernière poussée vers 476 le 23 septembre.
Le « SOXX » dessine l’ébauche d’un triple sommet digne de figurer dans un manuel d’analyse technique : il a reperdu -9% sur ses sommets, vers 435 points, retraçant ses planchers des 27 juillet, 19 août, puis des 4 et 6 octobre.
Le scénario et le « timing » d’un rebond semblent parfaits. Mais gare au plafonnement sous 450 points : un rejet sous cette première résistance puis une cassure des 434 points (support oblique moyen terme) déboucherait sur 10% de repli supplémentaire, vers 395/390 points, c’est-à-dire le plancher de la mi-mai, puis 375 points (plancher de fin février), soit -100 points sur les sommets, et toujours 200 points de mieux que mi-mars 2020.
