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L’inflation grimpe, les taux baissent…

By 15 juillet 2021One Comment

Philippe Béchade passe au crible l’actualité boursière mondiale… Et ce n’est pas bon : l’été 2021 est parti pour être pire que 2008 !

 

Pire que l’été 2008, je demande l’été 2021. En effet, les prix à la consommation progressent au rythme de 5,4%/an aux Etats-Unis, soit une hausse de 2,6% en 3 mois. On n’avait plus vu ça depuis juin 1982 ! Sans oublier les prix à la production qui s’envolent de 7,4% en comparaison à juin 2020. Et certaines composantes, de plus de 10%. Mais surtout, pas d’inquiétudes.

Par le prodige d’une conjonction astrale favorable, la FED a su détecter les bonnes informations juste à temps – quelques heures après la publication des chiffres ci-dessus. Les astres ont parlé et ils annoncent une prochaine décrue des prix qui valide le scénario de l’inflation transitoire. Il va sans dire que Jerome Powell s’est empressé de partager la bonne nouvelle avec des membres du Congrès qui – coup de chance – devaient justement l’auditionner aujourd’hui.

Et au lieu de s’en tenir au constat que « l’inflation excède les anticipations de la FED », il a pu se projeter dans un avenir radieux où l’on verra les prix s’assagir et s’infléchir vers l’objectif des 2%. Naturellement.

L’effet bénéfique de ces conjonctions astrales ont comblé d’aise les marchés obligataires qui ne se sont jamais départis de leur remarquable sang-froid. Et ce calme s’est transformé en complète zénitude, puisque les T-Bonds US se détendent à 1,34600%, c’est à dire vers des niveaux très favorables affichés 48 heures avant la publication des CPI et PPI.

La rémunération la plus négative de l’histoire !

La confiance affichée par la FED est si communicative que Wall Street enchaîne les records : le Nasdaq-100 a enfin accroché les 15 000 et le S&P500, les 4 400 à 0,1% près, signant son 12ème record en 14 séances.

Et comme la sphère financière est le fruit d’un savant mélange de perfection par essence et de verbe magique (celui des banques centrales), nous observons une hausse conjointe des actifs « à risque » et des actifs « sans risque » (dans le « monde d’avant », l’un ne pouvait le plus souvent progresser qu’au détriment de l’autre).

Mais ça, c’était avant que l’inflation ne devienne « transitoire » dans un contexte de croissance à 6,5 ou 7%.

Le rendement du 10 ans américain affiche donc la rémunération la plus négative de l’histoire, à la fois par rapport au niveau de l’inflation réelle à l’instant T (-400 points) et par rapport à la croissance (-500 points)… Et attendez, ce n’est pas fini, je vous ai gardé le meilleur pour la fin, c’est également le cas pour le rendement des actions du S&P500, y compris en intégrant une progression de 65% sur 12 mois des bénéfices au 2ème trimestre 2021… car la base de comparaison correcte et pertinente, c’est le 4ème trimestre 2019.

Et là, avec 5 300 points de plus pour le Nasdaq-100 en 18 mois, les multiples explosent littéralement toutes les frontières du connu.

Et ce prodige pourrait se prolonger jusqu’à la séance des 3 Sorcières du vendredi 16 juillet puisque les T-Bonds semblent en mesure de rééditer le plancher des 1,25% du 8 juillet et peut-être de combler dans la foulée le gap des 1,213% du 12 février.

Oui, je sais… cela n’aucun sens dans un contexte de fonctionnement classique des paramètres macro-économiques, mais oubliez le classique puisque sur la forme, l’action de la FED est à la finance ce que La Métamorphose de Kafka ou le Rhinocéros de Ionesco sont au Zadig de Voltaire…. ou ce qu’un Opéra de 4’sous du marxiste/prosoviétique Berthold Brecht est à une tragédie historique de Corneille.

 

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

1 commentaire

  • Avatar Jos dit :

    Me revoici, pour vous lancer des fleurs.
    J’avais misé sur le vaccin Astra Zeneca, mais en médecine, rien n’est gagné d’avance, et en plus dans le cas d’Astra Zeneca.
    Concernant Roche par contre, je ne m’étais pas trompé, en plus avec les tests rapides, les bénéfices n’ont pas fini d’êtres engrangés.

    Merci pour votre prose, qui nous change aussi du language standardisé des économistes standardisés.

    « Oui, je sais… cela n’aucun sens dans un contexte de fonctionnement classique des paramètres macro-économiques, mais oubliez le classique puisque sur la forme, l’action de la FED est à la finance ce que La Métamorphose de Kafka ou le Rhinocéros de Ionesco sont au Zadig de Voltaire…. ou ce qu’un Opéra de 4’sous du marxiste/prosoviétique Berthold Brecht est à une tragédie historique de Corneille. »

    Encore une remarque, pourquoi quasi aucun économistes, sur aucun plateau télé ne parle de l’inflation intrinsèquement lié au réchauffement climatique. Ce n’est pas moi qui l’invente, c’est Nicolas Stern
    https://ourworld.unu.edu/en/nicholas-stern-i-got-it-wrong-on-climate-change-its-far-far-worse.

    ted talk:
    https://www.ted.com/talks/lord_nicholas_stern_the_state_of_the_climate_and_what_we_might_do_about_it

    Le Jos

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