Les cryptomonnaies traversent décidément une passe très difficile. Après Elon Musk, l’Empire de Milieu vient de leur porter un coup terrible, faisant de la journée d’hier la pire de leur courte histoire. Décodage avec Mathieu Lebrun.
Des centaines de milliards de dollars se sont tout bonnement évaporés hier et les détenteurs de cryptodevises ne sont sans doute pas près d’oublier ce 19 mai 2021. Point de tweet ou de déclaration fracassante d’Elon Musk cette fois, mais un énorme couac made in China.
Les autorités du pays, qui avaient déjà fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas qu’un autre actif numérique fasse concurrence à la devise 2.0 que la BPOC (banque centrale chinoise) est en train de concevoir, continuent certes à autoriser la détentionet le minage de cryptomonnaies. Cependant, l’interdiction de l’usage de services, en priorité à des fins de paiement, est désormais ouvertement d’actualité, tout comme la volonté de Pékin de contrôler les échanges sur les plateformes de trading.
Or, cette mesure irait à l’encontre de ce que recherchent les amateurs de cryptodevises, à savoir l’anonymat et une certaine liberté. Plus largement, on peut penser que la Chine, jusqu’alors avant-gardiste en la matière, ne considère pas ou plus les monnaies virtuelles comme de « vraies » devises et qu’elles ne seront pas utilisées en tant que telles par les institutions financières, en tout cas dans l’immédiat.
De quoi ébranler la cryptosphère, avec cette fois encore un marché qui aura pris l’escalier pour monter et l’ascenseur pour descendre. La volatilité naturelle du compartiment des monnaies virtuelles a fait le reste et ramené le bitcoin sur des niveaux de 30 000 $, soit une baisse de plus de 50% par rapport au zénith des 64 350 $.
Impressionnant, ce décrochage n’a cependant pas duré, la cryptomonnaie de référence ayant ensuite repris appui sur ce support horizontal qui correspond à l’ancienne base de consolidation de fin janvier (visible en jaune ci-dessous) pour récupérer environ 20%.
Le grand retour du bull market ?
A toutes fins utiles, si un bear market (marché baissier) se caractérise par un actif qui perd 20% depuis son sommet, à l’inverse, un bull market (marché haussier) s’enclenche quand l’actif en question rebondit de 20% depuis ses points bas. Avec un cours du « BTC » qui a repris plus de 6 000 $ depuis ses points bas de la veille, il se trouve que c’est précisément ce qu’il s’est produit hier après-midi…en quelques heures seulement !
Alors, top départ pour la hausse ? Au vu de la mèche basse laissée hier, un rebond est possible. Possible, mais pas du tout certain et deux éléments doivent en tout cas inciter les cryptotraders à redoubler de vigilance.
Pour commencer, on aura pu constater que les cours ont testé le cap rond des 30 000 $ – que j’évoquais déjà dans ces colonnes avant-hier et n’étais manifestement pas le seul à surveiller – avec un précision millimétrée. Or, pour envisager qu’un creux s’inscrive davantage dans la durée (sur plusieurs semaines par exemple), j’aurais trouvé plus « sain » que les stops des acheteurs de janvier sautent eux aussi, quitte à envoyer les cours 2 000 ou 3 000 $ plus bas en intraday hier, sachant que nous ne sommes pas à cela près sur le bitcoin. A l’arrivée, avec les nouveaux acheteurs d’hier après-midi au-dessus des 30 000 $, le nombre de stops loss en attente en cas de nouvelle rechute vers ce cap ne fera qu’augmenter, d’où un risque accru de nouvel emballement baissier suivant le bien connu effet boule de neige.
Ensuite, certains indices dérivés ont parallèlement cassé d’importants supports obliques (cf. l’oblique noir ci-dessous).
De quoi donner davantage de poids à l’alerte que je rédigeais la semaine dernière à l’attention des abonnés à mon service Cryptos Trading (cf. les encadrés rouges ci-dessous)…