Allons-nous prochainement assister à une acquisition majeure dans le compartiment du luxe ? Des rumeurs ont en tout cas fait état d’un intérêt de Kering pour un grand nom suisse du secteur.
Étant donné des valorisations pour le moins élevées – de très loin la première capitalisation du CAC40, LVMH vaut par exemple près de 280 Mds€ en Bourse – et la rotation sectorielle qui s’opère depuis plusieurs semaines sur les marchés actions à l’avantage des sociétés au profil « value », le secteur du luxe n’a pas mes faveurs actuellement en matière de trading.
LVMH, encore lui, évolue aujourd’hui sur des plus hauts historiques, tandis que la « capi » d’Hermès (dont l’action a atteint le cap symbolique des 1 000 € le mois dernier) flirte avec les 100 Mds€. En revanche, Kering, le troisième poids lourd de ce compartiment sur la place parisienne, n’avance plus. A rebours de la tendance, son titre déplore même une perte de l’ordre de 4% à compter du 1er janvier.
Les actionnaires de l’ancien PPR ont en fait modérément apprécié un intérêt supposé pour Richemont. Dans le détail, à en croire le blog spécialisé Miss Tweed, qui a dévoilé cette information en début de semaine, le PDG François-Henri Pinault aurait lui-même présenté en janvier dernier une offre en numéraire et en actions au président et actionnaire de contrôle du groupe suisse, Johann Rupert, lequel l’a vraisemblablement rejetée.
Sur le fond, Kering chercherait à réduire sa dépendance à Gucci, ce qui semble déplaire aux investisseurs, comme en témoignent les dégagements observés dans la zone des 600 € et illustrés par la flèche rouge sur mon premier graphique ci-après :
La spéculation en soutien
A contrario, l’intérêt réel ou supposé de Kering à son endroit attise la spéculation sur Richemont, présent notamment dans les secteurs de la joaillerie et l’horlogerie. Kering emboîtera-t-il le pas de son grand concurrent LVMH, qui après certes bien des péripéties a fini par racheter l’Américain Tiffany ? La configuration graphique actuelle de Richemont est en tout cas intéressante, à l’approche d’une zone de résistance assez nette (cf. le rectangle grisé + les flèches rouges sur ce graphique hebdomadaire) :
Au surplus, plusieurs courtiers comme UBS accordent un certain crédit à la pertinence stratégique que revêtirait une telle opération. Alors que le broker helvète la juge rationnelle et estime que le nouvel ensemble pourrait permettre à Kering de rivaliser avec LVMH pour la première place mondiale du marché du luxe, la perspective d’un franchissement du cap rond des 100 francs suisses pourrait-elle avoir un effet d’attraction sur Richemont ? Possible, sinon probable…