Skip to main content
Indices, sociétés et marchésMarchés US

Wall Street : la tendance en ligne du S&P500 est coupée, mais les cours vont-ils décrocher pour autant ?

By 28 janvier 2021No Comments

L’affaire Gamestop a eu un retentissement planétaire et tempéré nettement l’enthousiasme des investisseurs américains. Au-delà du scandale et de ses répercussions, la tendance haussière à Wall Street pourrait avoir vécu…

Le phénomène Gamestop (+140% mercredi, jusqu’à 360 $, soit un gain monstrueux de 1 650% depuis le 1er janvier) a cessé d’être une anecdote boursière et un sujet de moquerie concernant des marchés dont le fonctionnement serait complètement parti en vrille.

D’anomalie, son envolée est devenue un délire spéculatif, puis un « corner historique sur fond d’explosion du Gamma » et finalement une affaire d’Etat, laquelle commence à inquiéter toute la communauté financière et suscite désormais des inquiétudes au plus haut niveau.

La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a en effet publié une déclaration dans laquelle elle presse les régulateurs financiers de la nouvelle administration de stopper la volatilité effrénée de Gamestop. L’entourage de Janet Yellen, citant ses propos, indique par ailleurs surveiller de près ce qui est qualifié de véritable « frénésie spéculative ».

La psychose Gamestop

De son côté, l’hébergeur de sites Discord a décidé mercredi soir de fermer le serveur WallStreetBets, qui venait d’enregistrer 800 000 inscriptions en 24 heures, ce qui pourrait être un record historique pour une communauté d’internautes utilisant Reddit.

La raison du bannissement est officiellement la « diffusion de contenus haineux et discriminatoires ». Il y en a certes eu, et même des menaces de mort contre des gérants de Citron Capital « coupables » d’avoir jugé le cours du titre trop élevé, mais la justice américaine et la SEC devraient bientôt enquêter pour soupçons de fraude et manipulation financière… car c’est bien de cela dont il s’agit.

L’affaire Gamestop s’est également invitée à la conférence de presse de la FED puisque Jerome Powell a été questionné au sujet de la volatilité de Wall Street et de la course folle de Gamestop. Bien briefé en amont, le futur ex-président de la Réserve fédérale a néanmoins botté en touche, déclarant ne pas vouloir « faire de commentaires sur une entreprise en particulier ». Et d’éluder habilement les questions liant la frénésie des marchés à la politique de la FED, arguant de la complexité des mécanismes reliant la liquidité à la hausse des actifs.

Il reste donc au moins un haut responsable en Amérique qui ne fait pas le lien, et Wall Street prie pour qu’il continue de faire semblant de ne pas comprendre, au moins jusqu’en 2023. Dans l’immédiat, la Bourse de New York a toutefois un problème de taille puisque la hausse démente de Gamestop (dont la capitalisation a été multipliée par cent en l’espace de six mois, alors même que le chiffre d’affaires continuait de baisser fin 2020) aurait coûté 10 Mds$ aux vendeurs à découvert.

Vers un effondrement du château de cartes spéculatif ?

Parmi eux, certains hedge funds comme Melvin capital pourraient avoir perdu plusieurs centaines de millions de dollars et peut-être même davantage sur ce coup-là, ce qui pourrait les obliger à liquider d’autres actifs par milliards de dollars –comme les actions ayant le plus progressé en 2020 – afin d’éponger leurs pertes et d’éviter… la faillite.

Tétanisés par cette perspective, les investisseurs ont vendu massivement dès l’ouverture à Wall Street hier et le S&P500 a ricoché sans crier gare sous les 3 871 points (le record absolu établi la veille) pour ouvrir un gap de rupture sous les 3 848 points. Le plus inquiétant est cependant la franche cassure du support oblique – et base du canal ascendant inauguré le 09 novembre dernier – qui gravite vers les 3 768 points.

Pour l’heure, la clôture à 3 750 points (après un plancher intraday à 3 732 points) invalide la tendance haussière « en ligne » en vigueur depuis dix semaines, et le premier support pourrait se situer dans la zone des 3 630 points, soit l’ex-plancher intraday des 12 et 21 décembre, et ex-zénith des 9, 16 et 24 novembre 2020.

Quant au support suivant, il serait l’ancien zénith historique des 3 390 points du 19 février 2020.

La tendance haussière est donc compromise, mais les optimistes parient sur l’amorce d’une consolidation latérale, avec certes un S&P500 qui ne monte plus, mais sans corriger pour autant car il peut reprendre appui sur les 3 700 points puis enchaîner les tests de la zone des 3 870/3 900 points avant que la situation sanitaire ne s’améliore, ce qui permettra de viser les 4 200 points avant l’été.

Mais il a également la menace de voir la FED décider malgré tout de ralentir le rythme de ses injections monétaires alors que le moteur boursier est chauffé au rouge et menace d’exploser.

Auquel cas, elle prendrait également le risque que l’invalidation de la tendance en ligne fasse s’effondrer le château de carte spéculatif et qu’une correction comparable à mars 2020 s’enclenche, avec un indice élargi qui se mettrait à combler tous ses gaps : celui des 3 590 points du 21 novembre, des 3 391 points du 3 novembre, des 3 330 points de la veille et, ultimement, celui des 2 865 points du 15 mai 2020.

Ce scénario est aujourd’hui du domaine du possible.

Philippe Bechade

Rédacteur en chef de « La Bourse au Quotidien » et de la lettre « Béchade confidentiel », Philippe Béchade rédige depuis 2002 des chroniques macroéconomiques et boursières. Il est également l’auteur d’un essai, "Fake News", qui fait office de manuel de réinformation sur les marchés financiers. Arbitragiste de formation, analyste technique, il fut en France dès 1986 l’un des tout premiers traders et formateur sur les marchés à terme. Intervenant régulier sur BFM Business depuis 1995, rédacteur et analyste contrarien, il s'efforce de promouvoir une analyse humaniste, impertinente et prospective de l’actualité économique et géopolitique.

Laisser un commentaire

FERMER
FERMER
FERMER

5 Valeurs pour doubler votre PEA

X