Entre salve de droits de douane, records boursiers et indicateurs d’excès d’optimisme, les marchés semblent décidés à ignorer les nuages à l’horizon. Mais jusqu’à quand ? Alors que la saison des résultats et les hésitations de la Fed pourraient vite compliquer la donne, l’été s’annonce plus risqué que jamais.
Cette semaine, et en particulier la date du 9 juillet, était placée sous haute surveillance : c’était en effet la date limite fixée par Donald Trump pour statuer sur les tarifs douaniers. Or, depuis le week-end dernier, cette échéance a finalement été repoussée au 1er août, afin de laisser davantage de temps aux négociations.
Une pluie de droits de douane…
Dans l’intervalle, le président américain n’a toutefois pas épargné les marchés financiers, multipliant les annonces au fil des jours, notamment ses premiers tarifs.
Quels sont-ils ?
Reprenons tout bêtement la chronologie de cette semaine.
Lundi, ce sont 25 % de droits de douane qui ont été imposés au Japon et à la Corée du Sud. En tout début de semaine également, d’autres pays comme la Tunisie, l’Afrique du Sud ou encore l’Indonésie ont été frappés par des tarifs oscillant en moyenne entre 30 % et 35 %. Mardi soir, les importations de cuivre ont à leur tour été taxées à hauteur de 50 %, avant que, dans la nuit dernière, ce ne soit le tour du Brésil de se voir infliger 50 % de droits de douane.
Même Vladimir Poutine n’a pas été épargné, du moins indirectement : après avoir exprimé son vif « mécontentement » à l’issue d’un appel avec le président russe, Donald Trump a conforté le soutien « défensif » apporté à l’Ukraine…
Reste à savoir si l’acronyme TACO (« Trump Always Chickens Out) caractérisant l’attitude du président américain, se vérifiera encore cet été.
Pour l’instant, le marché semble y croire.
… mais le marché se voile la face
A Wall Street, par exemple, Nvidia a franchi hier le cap symbolique des 4 000 Mds$ de capitalisation boursière.
Du côté des cryptomonnaies, le Bitcoin a inscrit dans l’intervalle un nouveau record historique, dépassant les 110 000 $.
Pendant ce temps, le CAC 40 ne reste pas les bras croisés à attendre de savoir à quelle sauce l’Europe sera mangée sur ces questions tarifaires. En effet, depuis mardi, l’indice en profite pour repartir à la hausse, en direction des 8 000 points, porté notamment par certains secteurs comme les spiritueux. (Segment sur lequel le compromis trouvé avec la Chine laisse entrevoir une possible exemption des droits de douane américains.)
Un mouvement dont on ne va pas se plaindre, puisqu’il offre un rattrapage bienvenu à des valeurs à la traîne comme Rémy Cointreau ou Pernod Ricard. Comme prévu…
Une bonne nouvelle donc à court terme.
Profit warnings et Fed attentiste, la vigilance s’impose
Attention toutefois à ne pas basculer dans un excès d’optimisme pour le reste de l’été.
D’abord parce que, à l’aube de la saison des résultats trimestriels, il ne se passe quasiment pas un jour sans qu’un profit warning ne soit annoncé : Aperam la semaine dernière, Aramis Group mardi, WPP hier à Londres, ou encore le géant suisse Barry Callebaut ce jeudi.
Tout ceci est désormais couplé à des indicateurs de consensus qui flirtent avec une zone d’excès d’optimisme.
Conclusion : mieux vaut rester prudent pour ne pas se laisser aveugler par le FOMO (Fear Of Missing Out).
Restons d’autant plus sur nos gardes que, sur le plan macroéconomique, une action de la Fed (baisse des taux) dès la fin juillet, n’est plus d’actualité au vu des derniers agrégats (notamment les chiffres de l’emploi US publiés jeudi dernier)…
Les relais de marché pourraient donc rapidement venir à manquer. Surtout si, sait-on jamais, l’acronyme TACO venait cette fois-ci à ne pas se vérifier début août…